« L'île de Nantes » n'est pas une appellation historique, c'est une nouvelle réalité urbaine. Ce bloc d'îles agglomérées au fil du temps constitue désormais un espace de 350 hectares situé au coeur de l'agglomération nantaise (550 000 habitants). Le paysagiste Alexandre Chemetoff et son équipe sont missionnés depuis 2001 par la communauté urbaine de Nantes pour assurer la maîtrise d'oeuvre de son aménagement. Cette nouvelle réalité urbaine dont parlent les élus tient d'abord à son potentiel : « Plus d'un million de mètres carrés de shon », dit Patrick Rimbert, maire adjoint et vice- président de la communauté urbaine, chargé du dossier. Pour Alexandre Chemetoff, « cette réalité c'est aussi, selon l'expression de Fernand Braudel, un archipel, une fédération d'anciennes îles mais aussi de nouvelles activités ». Et surtout de nouvelles pratiques urbaines.
D'abord, l'enjeu : faire coïncider ce centre géographique de l'agglomération, avec un centre de vie. Ensuite, les moyens : une société dédiée, la Samoa, (Société d'aménagement de la métropole ouest-atlantique), incluant dans son périmètre tout l'estuaire de la Loire. Puis, les gens : Patrick Rimbert, rapporteur de la loi SRU, qui expérimenta sur le secteur voisin « Madeleine Champs de Mars » le renouvellement de la ville sur elle-même ; l'architecte Dominique Perrault, puis Alexandre Chemetoff, qui ont réintroduit la Loire, ses rives et les espaces publics comme levier de l'aménagement et du développement de Nantes et Laurent Théry, directeur de la Samoa, ancien directeur des services de la communauté urbaine de Nantes. Enfin, détail d'importance : la maîtrise foncière des quais sur la Loire en face du centre-ville. En 1997, le maire de Nantes, Jean-Marc Ayrault, signe avec le port autonome un protocole d'échange : le port récupère des terrains plus en aval (zone de Cheviré) ; et la ville retrouve la propriété des quais et d'une partie des terrains des anciens chantiers navals sur l'île de Nantes. Patrick Rimbert confie : « Le choix de Chemetoff répondait à la question posée et traçait une méthode de travail sur une échelle de temps longue : d'abord établir un plan guide d'aménagement sur vingt ans ; ensuite, considérer l'espace public comme levier de l'attractivité et du développement de l'île ; enfin, ouvrir l'île sur la Loire.
Sur le plan opérationnel, la première phase du «secteur 1» autour des anciens chantiers navals, face au centre-ville, avance à grands pas. En face du Palais de justice, le quai retravaillé et abaissé par Alexandre Chemetoff répond à « une volonté de faire redécouvrir la Loire et son paysage » . Transparence toujours : le prolongement de la rue de la Noue Bras-de-Fer divisera en deux la parcelle pour la future école d'architecture - dont le concours a été remporté par Lacaton-Vassal. Alexandre Chemetoff affirme qu'il faut « disposer les bâtiments de sorte que l'île soit traversée par des pénétrantes ». Ainsi, l'opération «Habiter les quais» (logements et activités) et l'opération de bureaux d'Ouest France seront implantées en îlots séparés par des jardins et des voies publiques.
Le dialogue instauré entre la Samoa, les promoteurs et l'Atelier de l'île de Nantes donne corps à cette nouvelle réalité urbaine dont les premières silhouettes émergeront bientôt du fleuve.
Fiche technique :
Espaces publics
Maîtrise d'ouvrage : Communauté urbaine de Nantes.
Aménageur : SAMOA.
Maîtrise d'oeuvre : Agence Alexandre Chemetoff, paysagiste avec Jean-Louis Berthomieu, architecte.
Habiter les quais I
Promoteur : ING et ADI Nantes Habitat.
Architectes : Hervé Beaudoin (pour ADI) et Nicolas Michelin (pour ING).
Surface : 11 500 m2 shon.
Programme : 120 logements, 1 000 m2 de bureaux.
Permis de construire : avril 2004.
ILLUSTRATIONS :
En haut et en bas, localisation et plan-masse du «secteur 1» qui concentre les premières opérations en cours de réalisation sur l'île de nantes.
Ci-contre, détail de la passerelle assurant la continuité de la promenade en bord de loire et maquette (en bas).
Principe d'aménagement de voirie du «secteur 1».
Une des premières voiries réalisées.