Opération de renouvellement urbain lancée en 2009, la ZAC de la Restanque (123 ha), depuis peu renommée Montpellier Sud, vit une seconde vie. Ce changement de nom traduit la nouvelle stratégie initiée par Michaël Delafosse, maire de Montpellier et président de Montpellier Méditerranée Métropole (3M) élu en 2020. Situé à 10 minutes en tramway du centre historique, l'espace disponible, constitué de « boîtes à chaussures » et partiellement en friche, est considérable si l'on prend en compte la réversibilité de nombre des constructions. La collectivité a découpé l'immense périmètre de la ZAC en trois secteurs et a attribué, début 2023, la conception de l'aménagement de chacun d'eux à une équipe d'architectes-urbanistes différente : Richez Associés, ZCCS et Tania Concko (TCAU).
Pour garantir une unité d'aménagement, 3M et son aménageur, la Serm (Altémed), ont confié à l'agence de paysagistes In Situ (mandataire) la conception du schéma directeur. Invitées à aborder les îlots avec des approches urbaines différentes, les trois équipes de maîtrise d'œuvre viendront s'insérer dans la trame constituée de traverses et de parcs. « Sur ce territoire de reconquête, minéralisé à 90 % et confronté à de fortes problématiques hydrauliques, nous voulions définir une trame paysagère avant de poursuivre l'installation de logements et d'équipements », confirme Maryse Faye, adjointe au maire chargée de l'urbanisme.
Protections contre le bruit. Un autre enjeu consiste à désenclaver cette vaste pièce urbaine et à recoudre chacun de ses bords : tissu pavillonnaire à l'ouest, copropriétés dégradées (Saint-Martin) au nord, terre agricole à l'est, cité d'habitat social (Tournezy) au sud. Enfin, il s'agira de la relier aux équipements sportifs existants, dont un stade acheté à la SNCF par la Ville, et de créer une deuxième passerelle de franchissement de la voie ferrée. Sur le secteur sud-ouest dont elle est maître d'œuvre, l'agence Richez-Associés propose de conserver au maximum la pleine terre du talus pour créer deux protections contre les nuisances sonores : d'un côté, un parc, zone tampon de près de 100 m, et de l'autre, des bâtiments d'activités en R + 1.
La mutation par une maîtrise foncière progressive est planifiée sur trente ans. La collectivité espère voir sortir de terre 7 500 logements pendant cette période, tout en maintenant le tissu économique : concessions automobiles, magasins de bricolage, restaurants… Dans cette idée de conservation de l'activité, Altémed a d'ailleurs accordé à l'association Mas Réemploi un permis d'innover pour ouvrir, ce mois-ci, une plateforme logistique de stockage de matériaux de plus de 2 000 m2 en lieu et place d'une ancienne concession automobile Opel.
Halle gourmande. Le marché d'intérêt national (MIN) sera, quant à lui, agrandi et rénové. Conforté dans son rôle de pôle d'échanges de fruits et légumes réservé aux professionnels, il doit aussi accueillir une halle gourmande ouverte au grand public. A cette fin, la collectivité a procédé à une réserve foncière par déclaration d'utilité publique.
La métropole espère voir sortir de terre 7 500 logements sur la ZAC.
L'implantation à proximité d'ici 2026 de la Cité de l'alimentation durable, qui fonctionnera en synergie avec lui, ajoutera une pièce à l'édifice. Ce projet de cuisine col-lective, dont le maître d'œuvre sera choisi en octobre produira 16 000 repas par jour pour les cantines scolaires.
« En parallèle de ces équipements de destination, nous proposons de nous occuper du quotidien des habitants avec des polarités servant aussi aux quartiers limitrophes. De même, nous constituerons à partir d'une friche non construite un parc et avons imaginé des parcours ombragés ainsi que des îlots ouverts pour une libre circulation du vent », ajoute Lionel Wheeler, directeur de projets chez Richez Associés, en phase de finalisation du plan-guide. La réutilisation des eaux grises des logements pour l'arrosage des cœurs d'îlot nécessairement en pleine terre, la mise en commun du stationnement pour offrir des rues non circulées et les rez-de-chaussée actifs figurent parmi les principes qu'il défend.
Les premiers espaces publics, dont un parc qui servira d'exutoire, sortiront de terre fin 2025 dans la partie nord de la ZAC traversée par le cours d'eau Lantissargues. A la même date seront lancées les prochaines consultations pour construire des logements.
