Comment voyez-vous l'avenir de Grenoble
et de son agglomération ?
MICHEL DESTOT. Comme l'une des premières villes européennes de ce XXIe siècle, avec la création d'une véritable référence de ville citoyenne. En raison de sa taille, Grenoble devra asseoir son développement au coeur de réseaux afin de mobiliser des moyens comme elle l'a fait pour mener à bien de grands projets : Minatec, MC2, Alliance, des investissements qui dépassent les capacités de financements d'une seule ville. Isolés, nous arrivons aux limites de l'exercice. Les villes n'ont plus les moyens en dehors de la région et de l'Europe. Sur le plan économique, nous avons plusieurs axes de développement et, tout en cherchant la diversité, nous donnons la priorité à trois filières : nouvelles technologies de l'énergie, micro et nanotechnologies, biotechnologies.
A l'inverse, la ville garde une taille humaine.
C'est un gage de qualité de vie pour laquelle nous consentons des efforts constants afin d'améliorer la qualité de l'air, fortifier les équipements scolaires, favoriser le développement culturel et sportif. Si vous regardez les grandes technopoles de par le monde, elles sont toutes des pôles relativement récents, alors que celui de Grenoble existe depuis plus d'un siècle. Depuis la découverte de la houille blanche en 1867, une grande diversité d'industrie s'est développée ici. Il s'est traduit par l'afflux de populations venues du monde entier et aujourd'hui Grenoble accueille la première communauté anglo-saxonne de France. Je suis fier d'être à la tête d'une ville cosmopolite.
Qu'entendez-vous par ville citoyenne ?
Une ville qui prépare son destin, pas seulement le destin local de son propre développement mais qui contribue à la construction de l'Europe. Un destin universel, dans cette optique, elle se dote de moyens.
Est-ce un travail de longue haleine ou faut-il des projets phares comme Minatec ?
De longue haleine, il doit s'appuyer sur des projets phares. Le tout conçu dans un souci de solidarité qui participe aussi à l'attractivité économique. Il faut donc recréer du lien social pour que la ville soit plus harmonieuse, plus belle.
Vous évoquez une volonté de développement durable. Quel sens lui donnez-vous ?
Ce n'est pas seulement la protection de l'environnement ou la lutte contre l'effet de serre. Le développement durable, c'est aussi un facteur de santé, de lien social et d'attractivité économique. Car la qualité de vie favorise l'installation d'entreprises.
Comment organiser la mixité sociale ?
C'est le plus difficile. Même si on fait l'analyse d'avoir à organiser une ville sans ghetto ou sans la ségrégation urbaine américaine, cette mixité nécessite d'être installée dans tous les quartiers. Il faut répartir les logements sociaux, ce qui n'est pas le cas aujourd'hui car se pose la question du coût du foncier.
Grenoble a toujours été un territoire d'expérimentation. Est-ce encore le cas aujourd'hui ?
Depuis Vizille en 1798, cet esprit de liberté a toujours soufflé sur Grenoble : cela donne cet esprit grenoblois, un peu rebelle. Aujourd'hui, au coeur des réseaux, Grenoble est une ville européenne, cosmopolite, un lieu d'innovations technologiques et sociales. Nous sommes des découvreurs, des défricheurs pour bâtir des villes citoyennes.
Michel Destot
1970 : diplômé de l'Ecole nationale supérieure des arts et métiers ; docteur ingénieur en physique nucléaire (thèse soutenue sous la présidence du Prix Nobel Louis Néel) ;
ingénieur de recherche au CEA ; diplômé de l'IEP de Grenoble.
1977 : rejoint l'équipe de Hubert Dubedout, député-maire de Grenoble.
1988 : député de l'Isère.
1989 : conseiller municipal de Grenoble.
1995 : maire.
1998-2002 : président du Conseil national des missions locales ; Président du Groupement des autorités responsables de transports (GART).