Comment le développement durable s’est-il inscrit dans la politique de la ville ?
Grenoble a axé sa politique sur le développement durable pour tous – protection de l’environnement, solidarité sociale et développement économique – en tenant compte de ses caractéristiques au niveau géographique et climatique.
Nous avons ici de fortes amplitudes thermiques de – 10° à 40 °C, dans une cuvette qui enregistre des vents descendants, une pollution plaquée au sol avec, si l’on n’y prend garde, d’importantes concentrations d’émissions de gaz à effet de serre ! On a besoin ici d’être plus vertueux qu’ailleurs. Dans trois directions : la pollution industrielle, l’habitat et les transports.
La Ville s’est engagée à l’automne 2007 dans un schéma énergétique local et dans le plan climat local d’agglomération. Sur quels constats et avec quels objectifs ?
A Grenoble, le bilan carbone fait état de 500 000 tonnes de CO2 produites par an. Pour être dans la logique du facteur 4 – diviser par quatre les émissions des gaz à effet de serre d’ici à 2050 – nous visons une phase intermédiaire en 2020 avec la réduction de 20 % des émissions de CO2, soit 150 000 tonnes annuelles.
Quelles solutions durables préconisez-vous en matière d’habitat ?
Nous privilégions les constructions neuves en HQE (haute qualité environnementale) et menons sur le parc existant des actions particulières vigoureuses. A Grenoble, le bâti représente 65 % de la consommation énergétique contre une moyenne de 43 % en France. Nos constructions qui datent des années soixante ne sont malheureusement pas très bonnes au niveau de la performance énergétique… D’où le lancement d’une opération programmée d’amélioration thermique et énergétique des bâtiments (OPATB) sur les grands boulevards qui sera élargie à l’ensemble du territoire grenoblois entre 2009 et 2012 : la première tranche annuelle de 500 logements générera une économie de 13 000 tonnes de CO2. Et s’accompagnera d’un dispositif d’aides en faveur de la réhabilitation du logement locatif social.
Dans quels domaines la ville doit-elle encore œuvrer pour être plus performante ?
La difficulté reste liée aux surcoûts à la construction, peu compatibles avec une maîtrise du prix de l’immobilier à Grenoble. Or ces surcoûts ne sont pas toujours amortissables ! D’où l’importance du dialogue serré avec le secteur du BTP. D’où l’innovation également dans le domaine des matériaux…
En tant que président du Groupement des autorités responsables des transports (Gart) et de l’Association des maires des grandes villes de France (AMGVF), quels axes privilégiez en matière de déplacements à Grenoble ?
Le Grenelle de l’environnement prévoit la construction de 1 500 km de transport en commun en site propre.
Sur le plan grenoblois, la ligne B du tramway sera prolongée sur la Presqu’île scientifique et une nouvelle ligne E sera créée entre Le Fontanil, Grenoble et Meylan.
Par ailleurs, nous allons développer toutes les alternatives à l’utilisation de la voiture particulière en solo ! Autres dossiers : le désenclavement de Grenoble avec le projet d’un « vrai » TGV Paris-Grenoble en deux heures trente et celui de l’Intercité, avec l’électrification des lignes SNCF de l’arc alpin.
Le projet de rocade nord n’est-il pas anti-Grenelle de l’environnement ?
Non ! 85 % des déplacements effectués à l’intérieur de l’agglomération grenobloise ne concernent pas une circulation de transit, mais celle des Grenoblois qui, faute de pouvoir contourner la ville, la traversent. Achever ce ring routier permettra d’alléger le trafic et aux transports en commun – bus notamment – de récupérer de la mobilité, donc d’être plus fréquentés. Le bilan de l’opération, sur le plan écologique, s’en trouvera amélioré.
Grenoble organise la deuxième édition de la Biennale de l’habitat durable. Avec quelle ambition ?
Ce forum permet de mobiliser l’ensemble des acteurs : habitants, constructeurs, bailleurs… et montre que nous ne sommes pas sur des effets d’annonce mais sur une véritable action inscrite dans le Grenelle de l’environnement !
