Métropole de Nantes : à Rezé, la méthode du « pas de côté » porte ses fruits

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Le futur quartier étant bien desservi par les transports en commun (BHNS en 2025 et tramway en 2027), la place de la voiture a été réduite au minimum. Les stationnements seront regroupés dans un bâtiment silo de 620 places (îlot B3).

Systèmes constructifs bas carbone, matériaux biosourcés (bois, paille, chanvre) et géosourcés (pierre naturelle, schiste de Nozay), réemploi de bardage agricole en façade, prix maîtrisés… Les premiers projets du secteur Basse-Ile de la ZAC Pirmil-Les Isles à Rezé, au sud de Nantes (Loire-Atlantique), sont à la hauteur des espérances de la Ville, dont la majorité municipale (Rezé citoyenne) avait demandé en juillet 2020 un moratoire sur le projet urbain. Aujourd'hui, la maire, Agnès Bourgeais, salue « un projet ambitieux » présenté comme une « chance », mais aussi « un défi, en repensant nos façons de construire au regard des enjeux de notre époque en matière de solidarité et d'écologie ».

Lancée par Nantes Métropole Aménagement (NMA) en pleine crise immobilière et en poussant tous les curseurs environnementaux, la première consultation a été une réussite. Elle portait sur cinq îlots, soit 449 logements sans aucun stationnement en dehors d'un parking silo, dont les livraisons sont attendues à partir de 2027. « Nous avons constaté dans les dossiers de l'ensemble des équipes un niveau de complexité et de réflexion inédit sur les manières de construire, d'habiter, les espaces communs…, se réjouit l'urbaniste Frédéric Bonnet (Obras), porte-parole du groupement de maîtrise d'œuvre urbaine. J'espère qu'il y aura un avant et un après, car on constate une véritable incrémentation du savoir-faire collectif sur toutes les questions de transitions qui nous attendent. » Ce résultat est celui d'une méthode, dite du « pas de côté », qui a démarré dès 2017 par une approche collective de « sourçage » afin de s'assurer de la capacité des acteurs locaux à mettre en œuvre un gros volume de logements bas carbone et biosourcés (3 300 à terme à l'échelle de la ZAC, dont 2 300 sur le secteur de la Basse-Ile). Après avoir rassemblé 400 professionnels pour leur présenter le projet et organisé une série d'ateliers pour identifier les solutions techniques, un « focus groupe » composé de cinq opérateurs (bailleurs sociaux, coopératives et promoteurs) a permis de s'assurer de la faisabilité économique des programmes.

« Une première ». S'inspirant de la conception-réalisation, les promoteurs ont répondu à la consultation avec leurs architectes, mais également des équipes complètes intégrant des entreprises. « Je suis urbaniste depuis plus de trente ans et c'est la première fois que, dans un concours en ZAC, je vois des équipes venir à dix, et où le charpentier s'exprime aux côtés du promoteur, de l'architecte, du paysagiste », raconte Frédéric Bonnet. L'un des objectifs, qui était d'accompagner le développement des filières locales, est atteint. Quelques exemples : Boisboréal (dans l'équipe du groupe CIF sur l'îlot A4) va pouvoir lancer des investissements en attente et doubler sa capacité de production, et Cruard Charpente (dans l'équipe de Galéo sur l'îlot B8) mettra en œuvre pour les murs du rez-de-chaussée sa solution Hybridal (système bois-béton collé préfabriqué) développée à l'origine pour les planchers.

Les innovations portent également sur l'architecture et les qualités d'usage des logements avec des balcons incurvés généreux (îlot A2A), des espaces de buanderie ou de stockage communs à l'étage (îlot A5) ou encore des emplacements vélo innovants jusque dans les coursives (îlot B8). « Nous avons tous été impressionnés par le travail des équipes et la qualité des réponses », résume Hassen Bouflim, directeur général de NMA, qui a souhaité organiser une restitution publique le 11 janvier 2024, accompagnée d'une exposition jusqu'en février à la maison régionale de l'architecture des Pays de la Loire.

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Les premiers lauréats

  • Ilot A2A - Aethica avec Hardel Le Bihan Architectes et Moonwalklocal : 88 logements (63 libres et 25 sociaux).
  • Ilot A3 - Quartus avec Boris Bouchet Architectes et Atelier Georges : 90 logements (67 libres et 23 sociaux) ; un restaurant en rez-de-chaussée.
  • Ilot B8 - Galéo avec 2PM A et MFA : 83 logements (54 libres et 29 sociaux) ; un espace appropriable par les habitants du quartier ; activité tertiaire en rez-de-chaussée.
  • Ilot A4 - CIF avec Atelier du Rouget Simon Teyssou & Associés et Atelier Belenfant Daubas : 121 logements (51 libres, 42 abordables en BRS et 28 sociaux).
  • Ilot A5 - CISN avec Bond Society et Atelier Desmichelle : 67 logements (34 libres et 33 abordables en BRS) ; un espace appropriable par les habitants du quartier en association syndicale libre (ASL).
  • Ilot L1 - Eric Lapierre (Expérience) a été retenu pour le projet développé par Sogimmo et ETPO Immobilier (propriétaires du foncier) dans le cadre d'un accompagnement de la ZAC : 99 logements libres.

En marge des consultations de la ZAC, Nantes Métropole a retenu quatre finalistes pour la future piscine olympique : Atelier Po & Po (Paris), ANMA Architectes Urbanistes (Paris), BVL Architecture (Paris) associé à BBM Architectes (Nantes) et Guervilly Mauffret Architecture (Saint-Brieuc).

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