Le projet a été acté lors du conseil d'Amiens Métropole (Somme) du 30 juin : un parc d'activités de 62,1 ha devant contribuer au développement du territoire devrait entrer en phase opérationnelle d'ici à 2023. La ZAC Boréalia 2 prendra place à l'ouest d'Amiens, dans le quartier Renancourt, proche des nœuds autoroutiers de l'A16 et de l'A29.
La concession d'aménagement a été confiée à la SPL Vallée Idéale Développement pour une durée de quinze ans. Objectif : y faire pousser environ 265 000 m² SP dédiés à l'activité économique. Quelque 14 M€ de travaux d'aménagements sont prévus. Pour Alain Gest, président d'Amiens Métropole, et Marc Foucault, vice-président chargé du développement économique de la collectivité, « le projet résume l'ambition écologique et économique de notre territoire. Il s'appuie sur la concertation menée en début d'année [417 contributions déposées, NDLR] et soutient les besoins des entreprises dans un contexte de plein-emploi après quarante ans difficiles, tout en répondant aux exigences et recommandations des autorités environnementales ». La collectivité estime que des centaines d'emplois axés sur l'innovation numérique pourraient être créées.
Le projet, qui prendra place sur des terres peu fertiles, se veut environnementalement exemplaire. Il prévoit notamment des eaux de pluie intégralement stockées et gérées sur site via l'aménagement de noues et de bassins, la création d'une ceinture boisée et le maintien de 5,4 ha dédiés à la production agricole.
La justice saisie. La ZAC Boréalia 2 s'attire pourtant les foudres de nombreux opposants. En janvier dernier, à Amiens, lors du sommet des ministres européens de l'Environnement et de l'Energie, l'ex-ministre de la Transition écologique, Barbara Pompili, avait ainsi demandé à la métropole de revoir sa copie. Depuis septembre 2021, c'est le collectif Stop Horror Boréalia, devenu au printemps l'association Patat (Préservons l'avenir des terres amiénoises pour tout. e.s), qui s'insurge. Cette dernière, avec neuf riverains, a d'ailleurs saisi la justice fin août. Dans le contexte de la loi Climat et résilience, dont l'objectif majeur est de diviser par deux l'artificialisation des sols d'ici à 2030 pour atteindre le zéro artificialisation nette en 2050, la création de cette ZAC - la quatrième de la métropole - « n'est qu'une solution de court terme pour les sept années à venir », déplore, de son côté, Emilie Thérouin, conseillère municipale et métropolitaine.
Porte-parole du collectif Patat, Jean-François Dubost dénonce une information insuffisante et affirme que les effets à long terme sur l'agriculture ou l'eau concernent tout le bassin amiénois : « Alors qu'on ne cesse de parler climat, Boréalia 2 est l'illustration des enjeux sur lesquels nous pouvons agir. » Le collectif entend poursuivre son combat et s'appuyer sur des dossiers avortés, comme celui d'EuropaCity dans le Val-d'Oise en 2019. Urbanistes, agriculteurs et agronomes vont également phosphorer sur les friches : « A Amiens, il en existe environ 100 ha », poursuit le porte-parole. C'est au moins un point commun que l'association partage avec Amiens Métropole qui réactivera à l'automne ce dossier ambitieux de reconquête de ces fonciers inutilisés en grande partie privés.