Tout en restanques, serres et bassins, le jardin de Serre de la Madone vient d’être restauré sur les pentes du vallon de Gorbio à Menton (Alpes-Maritimes). Conçu et réalisé entre 1924 et 1958 par le major et voyageur anglais Lawrence Johnston, également célèbre pour la création du jardin d’Hidcote Manor en Angleterre, le jardin a été acheté par le Conservatoire du littoral et des rivages lacustres en 1999. Après cinq ans d’études et de travaux de restauration, les sept hectares du site s’offrent désormais au public dans un souci de fidélité à la conception originelle, une version méditerranéenne et exotique des jardins anglais.
Au chevet de la « Belle endormie ». Propriété de plusieurs particuliers après la mort de Johnston, le jardin finit par être désigné du nom de « Belle Endormie » : les broussailles l’ont envahi sans pourtant effacer la patte de son créateur ; l’alliance des essences méditerranéennes et tropicales ramenées de fréquents voyages ou l’élégance d’un belvédère en surplomb du jardin. Mais à la fin des années 1980, un projet immobilier est annoncé. Le ministère de la Culture intervient alors pour classer d’office le site au titre des Monuments historiques, une procédure exceptionnelle qui passe outre l’avis du propriétaire. Le Conservatoire du littoral est désigné pour procéder à son acquisition. Cinq années de négociations avec le propriétaire seront nécessaires, à l’issue desquelles un partenariat se met en place : la Ville de Menton et la direction régionale des affaires culturelles (Drac) financent le programme de restauration historique ; Pierre-Antoine Gatier, architecte en chef des monuments historiques des Alpes-Maritimes, analyse le site, tandis que le Conservatoire du littoral mandate les paysagistes Gilles Clément et Philippe Deliau pour rendre au jardin son aspect d’origine. L’Association pour la sauvegarde et la mise en valeur du jardin Serre de la Madone (AJSM) assure par la suite la mise en œuvre des plantations, la mise en lumière, la gestion et l’accueil du public.
Une structure étagée de « chambres » végétales. Serre de la Madone se présente à la fois comme un jardin paysager et un jardin botanique. Conçu pour recevoir, incitant à la promenade, il met l’accent sur les juxtapositions botaniques du paysage méditerranéen et des essences exotiques ramenées de Chine, d’Australie ou d’Afrique du Sud. Il répond au modèle des jardins « intimistes » à l’anglaise : sa structure étagée, constituée de « chambres » végétales délimitées par les terrasses, s’axe autour d’un escalier central à double révolution et de cheminements latéraux. « Les sentiers actuels sont les limites des servitudes des différents terrains assemblés par Johnston. Il a ensuite fractionné l’ensemble en microterritoires et a doté chacun d’une ambiance singulière, » explique Pierre-Antoine Gatier. Jardin mauresque, terrasse du mandarinier, belvédère, terrasse des bassins, serre chaude… invitent le visiteur au voyage. Les mahonias succèdent aux oliviers, les cactées aux grenadiers, la statue de La Madone veille sur l’ensemble à l’abri des cyprès.





