Des compétences nouvelles sont régulièrement transférées à la métropole. Avez-vous des projets en ce sens ?
Oui, car l’idée est d’offrir à chaque projet la bonne échelle pour y répondre. Je pense par exemple au tourisme, à l’insertion par l’économie, à la lutte contre la désertification commerciale, compléments indispensables de notre compétence économique récemment acquise. Elle constitue d’ailleurs l’une des trois priorités de ce nouveau mandat, au même titre que les transports et le logement. Avec les « Grands débats de Lille Métropole » (1) prévus prochainement, j’entends tirer un bilan, mais aussi mettre en œuvre notre vision : vivre ensemble dans ‘‘l’Eurométropole’’. Pour cela, j’ai la conviction qu’il nous faut concevoir collectivement l’habitat, l’économie et les transports pour relier les espaces et les hommes et inventer la forme urbaine de la métropole du XXIe siècle. Dans les transports publics, par exemple, pourquoi ne pas imaginer un système beaucoup plus maillé à l’échelle de la région urbaine de Lille, associant plus étroitement la métropole et la région ?
Vous dites vouloir construire plus de logements, plus écologiques, et plus sociaux. Sur quels leviers pouvez-vous jouer compte tenu de la crise ?
C’est précisément en période de crise que nous avons le plus besoin de logements sociaux. Le constat est là : il nous faut construire plus, de 6 000 à 8 000 logements par an à Lille Métropole, pour répondre à une demande déjà bien réelle. Notre stratégie mise sur la qualité et l’innovation : en rehaussant l’image des espaces et des équipements publics ; en inventant des lieux qui mixent les pratiques sociales et culturelles ou attirent des emplois ; en faisant confiance à des designers, paysagistes et architectes pour inventer avec nous les lieux de la ville de demain. Notre stratégie mise aussi sur l’avenir en intégrant la haute qualité environnementale dans nos projets. A ce titre, j’aimerais lancer prochainement la réflexion sur le coût global de la construction durable. Être en avance dans la conception de l’habitat de demain : c’est le signe que nous adressons aux bailleurs sociaux et aux promoteurs. Je souhaiterais que l’effort de l’Etat soit à la hauteur de notre engagement. Et je veux concilier écologie et social, c’est pourquoi j’accorde la priorité par exemple à une isolation des logements qui fait baisser les charges des habitants.
Lille doit inventer une forme urbaine pour les zones de Saint-Sauveur, Bois-Blancs et Port de Lille. Vous avez missionné un groupe de travail. Qu’attendez-vous de lui ?
Avec notre projet urbain, nous voulons bâtir un nouvel art de ville. Nous voulons faire des nouveaux quartiers urbains des espaces compacts reliés aux transports en commun, mais aussi des lieux vivants et chaleureux où se mêlent les fonctions, où vivent ensemble les différentes catégories sociales, les différentes générations. Comment mettre en forme cette vision ? Comment la rendre opérationnelle ? C’est la mission du groupe de travail que j’ai constitué. En juin prochain, il proposera un séminaire sur la ville du futur intitulé « Ville 3 000 ». Pendant deux jours plancheront architectes, urbanistes mais aussi philosophes, sociologues et artistes. Ensemble, nous dessinerons les programmes des trois grands sites de projet que vous avez cités.
Le PPP du Grand Stade de Lille signé, certains s’émeuvent du coût pour Lille Métropole. Avez-vous des marges de manœuvre suffisantes ?
Les marges de manœuvre sont serrées, c’est vrai. Par les dernières évolutions du mode de calcul de la taxe professionnelle, sans compensation par l’Etat, notre communauté urbaine perd 100 millions d’euros par an ! Le Grand Stade est un outil de développement et de rayonnement. Ses retombées injecteront dans l’économie métropolitaine des emplois et de nouvelles recettes. Non seulement il ne remet pas en cause nos priorités, l’économie au service de l’emploi, le logement et le transport, mais il contribuera à les renforcer.