Dix ans après l'élaboration du plan-guide de l'extension vers le nord de l'opération d'intérêt national (OIN) Euroméditerrannée, et quatre ans après la création de la ZAC littorale sur 53 des 169 hectares de ce périmètre couvert de friches industrielles, une nouvelle dynamique s'enclenche.
Déjà, des îlots sont en voie d'achèvement tandis que d'autres sont lancés. Eiffage va ainsi livrer en 2021 le dernier immeuble de son opération Smartseille (58 000 m2 SP). A cette date, il aura lancé « Smartseille 2 », un nouveau programme tertiaire (17 000 m2 SP). Au nord de cet ensemble, la société de projet Les Fabriques (Linkcity/UrbanEra/Bouygues Immobilier) a déposé les permis de construire de premiers lots correspondant à 70 000 m2 des 250 000 m2 SP prévus. De son côté, l'établissement public d'aménagement Euroméditerranée (Epaem) lancera en milieu d'année une consultation de maîtrise d'œuvre pour aménager la partie est de la rue de Lyon et requalifier la voirie dans le quartier en renouvellement urbain des Crottes.
Capacité de résilience de la nature. Cette même année, il donnera le coup d'envoi au parc Bougainville (4 hectares). Cette amorce d'une coulée verte de 14 ha, irriguant Euromed 2, a comme fondement la renaturation du cours d'eau des Aygalades caché depuis la construction du métro dans les années 1970. Cette opération doit participer à la zone d'expansion des crues et montrer la capacité de résilience de la nature dans cette partie arrière du port. C'est tout l'enjeu de ce projet, à l'instar de ceux à venir dans d'autres secteurs de la ZAC littorale. Dans une logique de gestion économe des ressources, l'Epaem a, par exemple, demandé aux équipes de maîtrise d'œuvre de travailler à régénérer la terre sur place pour éviter d'en prélever ailleurs. A cet égard, il a noué un partenariat de trois ans avec le CNRS de Montpellier et le paysagiste Ilex, à la manœuvre depuis 2018 pour aménager les abords des Fabriques.
Ilex coordonne dans ce cadre une thèse de recherche Cifre qui vise à observer la croissance de végétaux après l'inoculation de champignons dans ces sols de friches industrielles. Ce même site d'expérimentation de 3 500 m2 doit, en outre, servir à tester l'optimisation de l'arrosage, les matériaux drainants, l'éclairage intelligent, etc. Pour compléter ces démarches, l'aménageur public s'apprête à désigner un assistant à maîtrise d'ouvrage qui l'accompagnera dans le réemploi des matériaux issus de la déconstruction.
Boulevard urbain. Choisi cet automne pour recomposer le secteur Cazemajou-Vintimille (12 hectares) en vue notamment de l'arrivée en 2023 du tramway sur la rue de Lyon, le groupement conduit par Stoa s'inscrit dans la continuité de ces travaux. A cet effet, titulaire d'un accord-cadre de six ans, il compte dans son équipe le bureau d'études Biotope. « Il faut arriver à doser et choisir le végétal adéquat. Il faut aussi travailler le sol et le sous-sol afin d'offrir le terreau fertile à un écosystème résilient et autonome », affirme Milène Oury, paysagiste chez STOA. « Sur ce secteur, coincé entre deux faisceaux ferroviaires et abritant deux ouvrages techniques structurants (un poste de détente de gaz en service et un poste source EDF), le défi à relever est immense. L'objectif est en effet d'avoir le moins de réseaux possible pour favoriser l'implantation végétale », rappelle Anaïs Cadier, directrice de l'aménagement chez Euromed.
Un assistant à maîtrise d'ouvrage doit accompagner l'aménageur dans le réemploi des matériaux.
La transformation de l'axe Cap Pinède/boulevard du Capitaine-Gèze en un boulevard urbain de 45 mètres de large est une autre opération emblématique. L'Epaem a confié au paysagiste Michel Desvigne, à l'agence Stoa et au bureau d'études Ingérop (mandataire) une mission de cinq ans pour apaiser cet axe de 1,6 km marquée par les infrastructures routières, dont une passerelle reliant les autoroutes A 55 et A 7 déposée cet été. Les travaux (coût : 64,4 M€ HT) devraient démarrer en 2021. L'enjeu est de créer des porosités entre le quartier en renouvellement urbain de la Cabucelle, au nord, et les Fabriques, au sud. Considérant que la réflexion sur ces différentes zones, premières pièces opérationnelles d'Euromed 2, était suffisamment avancée, l'Epaem a choisi de confier une mission d'urbaniste-coordonnateur au groupement piloté par l'agence Anyoji-Beltrando. Ce sera donc à lui d'orchestrer le tout.