« A plus 4°C, la désertification menace tout le sud de la France », prévient Pierre Rampa. Pour anticiper cette évolution, le président des canalisateurs de France plaide pour activer les dossiers de grands transferts d’eau. Son regard se tourne vers le Rhône, dont les débits encore abondants peuvent venir au secours des territoires les plus déficitaires.
Eau plate
L’hétérogénéité des situations locales préoccupe le syndicat. Certes, « les métropoles ont pris la mesure des enjeux », reconnaît le président. Mais cet élan ne suffit pas à remédier au sous-investissement dans le renouvellement des réseaux, évalué par la profession à 2 à 3Mds€ par an.
Ce diagnostic en demi-teinte se traduit dans les comptes des entreprises : « Nous ne voyons pas l’impact du plan eau dans nos carnets de commande », déplore Pierre Rampa. La perspective des élections municipales ne laisse pas prévoir un décollage des investissements publics locaux dans les deux ans à venir. Tout en se réjouissant du démarrage des conférences territoriales orchestrées par les agences de l’eau sur l’avenir du financement, les Canalisateurs manquent d’informations sur le sujet, faute de sollicitation officielle directe.
Boom énergétique
L’atonie de l’eau contraste avec la croissance des réseaux urbains de chaleur et de froid, stimulés par le fonds Chaleur de l’Agence de la transition écologique. Le syndicat recense près de 800 projets en cours. Les canalisations d’énergie devraient également bénéficier d’une part de l’essor de la méthanisation, d’autre part de la perspective de transfert d’hydrogène vert, depuis le sud de l’Espagne jusqu’en Allemagne.
Parmi les actions syndicales qui lui tiennent à cœur, Pierre Rampa cite le partenariat avec l’administration pénitentiaire pour la réinsertion de détenus. « Une douzaine de garçons qui avaient fait des faux pas réussissent leur parcours dans nos entreprises. Cette action mérite des duplications. La démarche fait beaucoup de bruit dans le monde pénitentiaire », se félicite-t-il.
Solidarité avec Mayotte
Dans le registre de la solidarité, les canalisateurs s’emparent de la situation de l’eau à Mayotte, à l’initiative du syndicat départemental du Gard. Un partenariat avec l’association des Eco-maires et avec l’organisation non gouvernementale Unigaïa vise à offrir 1000 fontaines aux habitants de l’île. Un premier lot de 38 unités a déjà fait l’objet d’une remise officielle à Laïthidine Ben Saïd, secrétaire général de l’association des maires de Mayotte.
Les valeurs sociales de l’organisation figurent sans doute parmi les facteurs qui incitent la profession à regarder l’avenir avec confiance. Invités, lors de l’assemblée générale du 27 mai, à noter leur optimisme sur une échelle de 1 à 5 sur leur smartphone, les adhérents ont abouti à une notation moyenne de 3,6.