Après un recul de 16% en 2012, les ventes de maisons individuelles ont encore chuté de 19% l’an dernier atteignant 108 000 unités. Cela s’est traduit par 101 000 permis de construire délivrés. La baisse est généralisée dans toutes les régions : -4% en Ile de France, -12% dans l’est et en Paca, -16% dans le centre est, -17% dans le Nord, -20% dans le bassin parisien, -25% dans l’ouest, -27% dans le sud-ouest et -30% en Bretagne. La façade ouest de la France est donc particulièrement touchée, après avoir tiré le secteur pendant une quinzaine d’années.
Parallèlement à la chute des ventes, l’entrée en vigueur de la RT 2012 a fait bondir les prix de 9% en moyenne. Au final, les constructeurs de maisons ont vu leur chiffre d’affaires baisser (-4%) dans une mesure bien moindre que les volumes.
Retour massif de la secundo-accession
Depuis 2010, ce sont donc 28 222 permis en moins qui ont été délivrés, note l’Union des maisons françaises (UMF). « Même si les constructeurs ont fait beaucoup d’efforts pour tenir leurs coûts dans un contexte de crise économique et que les taux restent bas, notre clientèle généralement modeste a du mal à financer ses projets et a peur de l’avenir», explique le président de l’UMF, Christian Louis-Victor, qui pointe « un PTZ+ mal calibré ».
Mais à regarder de plus près les chiffres de Caron Marketing, et à l'instar des chiffres de délivrance des crédits immobiliers, la clientèle a fortement évolué depuis trois ans. Le segment de la primo-accession, qui représentait 70% des clients de maisons dont les permis ont été délivrés en 2010 (29 222 permis délivrés à l’époque), ne pèse plus que 54% aujourd’hui. En primo-accession, le seul segment d’âge qui a vu le nombre de permis progresser entre 2010 et 2013 est celui des 50-59 ans (+2 183 maisons). Dans les autres segments d’âge de la primo-accession, les constructeurs ont enregistré 38 098 maisons en moins !
A l’inverse, 8 941 permis supplémentaires ont été délivrés pour des secundo-accédants âgés de plus de 40 ans en 2013 par rapport à 2010. Les moins de 40 ans ayant déjà acheté une maison par le passé, en revanche, sont 1 247 de moins qu’en 2010 à avoir franchi le pas d’une nouvelle maison.
André Caron, de Caron Marketing, qualifie cette évolution de « marché de renouvellement », avec des conséquences importantes sur l’offre de la filière. Le prix d’une maison en secondo-accession est en moyenne de 195 000 euros pour une surface de 128 m² contre 148 000 euros et 123 m² pour la primo-accession.
-5% annoncés pour 2014
Cette tendance fortement baissière s’est toutefois atténuée en fin d’année : +1% en décembre 2013 par rapport à novembre 2013 et -6% par rapport à décembre 2012. Dans la mesure où les ventes avaient rebondi en fin d’année dernière pour anticiper l’entrée en vigueur de la RT2012, les constructeurs s’attendaient à pire.
L’UMF table donc sur le fait que les facteurs négatifs ne devraient plus s’accentuer et sur la résilience naturelle du marché pour prévoir en 2014 une nouvelle baisse des ventes, mais moindre qu’en 2013, de l’ordre de 5% (102 600 ventes).
« Les mots accession ou maison ne font pas partie du vocabulaire de nos dirigeants », regrette Christian Louis-Victor, qui continue de plaider pour un élargissement du différé d’amortissement du PTZ+ de 14 ans jusqu’à la tranche 4 du barème (30 000 euros de revenu de référence pour un couple avec deux enfants) pour débloquer la primo-accession des plus modestes et dégripper le parcours résidentiel. « Ce serait un fantastique produit d’amorçage de la reprise », explique-t-il.