Lyon-Turin : un arrêt inenvisageable, mais toujours des incertitudes selon La Transalpine

Alors que le chantier se poursuit, des incertitudes pèsent sur le tunnel ferroviaire du Lyon-Turin, dues notamment au contexte politique en Italie. L’association La Transalpine, réunissant des acteurs publics et privés en faveur de ce grand projet, se veut pourtant rassurante de ce point de vue. Mais ne manque pas d’alerter sur certains points, en attendant que soit dévoilée la Loi d’orientation sur les mobilités.

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Plus d'1,5 Md€ ont déjà été engagés dans le chantier du tunnel transfrontalier du Lyon-Turin.

Plus de 1,5 Md € déjà engagés sur l’enveloppe globale de 8,6 Mds €. Un tunnelier qui a creusé 14% de la galerie définitive de 57,5 km. Environ 400 ouvriers présents actuellement sur le chantier côté français. Le tunnel euralpin Lyon-Turin n’est plus un projet, il est en cours de réalisation. C’est le message que martèlent depuis plusieurs mois ces défenseurs, et qu’a tenu à rappeler le Comité pour la Transalpine en ce mois de juin.

L’association, qui réunit aussi bien des acteurs privés que publics, a déroulé ses arguments afin de réaffirmer le rôle stratégique, selon elle, du projet. Et de contrer les oppositions qui se font régulièrement entendre de part et d’autre des Alpes. C’est le cas notamment en Italie, où l’arrivée d’un nouveau gouvernement populiste a relancé la menace d’arrêt du projet.

Coût d’un hypothétique arrêt du chantier pour l’Italie : plus de 2Mds€

L’alliance entre la Ligue et le Mouvement 5 étoiles, emmené par Giuseppe Conte, n’apparaît en effet pas comme une bonne nouvelle pour le Lyon-Turin. Le Mouvement 5 étoiles y est en effet farouchement opposé. « Mais il est très isolé sur cette position », selon la Transalpine, même au sein de la coalition. « Dans la dernière ligne droite avant le bouclage de leur contrat de gouvernement, le Lyon-Turin a fait l’objet d’âpres négociations entre les deux formations qui au final, ont retenu la notion ambiguë de rediscussion du projet », note l’association.

Elle estime par ailleurs qu’un arrêt du chantier ne serait pas un bon calcul pour l’Italie. Il pourrait même lui coûter presque aussi cher que de le poursuivre. L’Italie doit financer 35% des travaux, soit environ 3 Mds €. Stopper le projet, c’est rembourser la France et l’Europe des sommes déjà engagées, payer des pénalités, des frais de sécurisation et de remise en état des sites… soit plus de 2 Md s€ ! Ce qui paraît difficile à envisager pour La Transalpine.

Repousser l’aménagement des accès, une proposition « contestable et contestée »

Les incertitudes ne seraient donc pas à trouver du côté italien. Mais plutôt du côté français. Le tunnel ferroviaire n’est pas remis en cause en tant que tel, mais « la liaison Lyon-Turin est un programme composé du tunnel de base transfrontalier et de voies d’accès à l’ouvrage, côté français et côté italien. Pour la France, cela représente un itinéraire de 190 km entre Lyon et Saint-Jean de Maurienne ». Ce sont sur ces accès que portent les interrogations de La Transalpine.

En cause : le rapport du Conseil d’orientation des infrastructures, remis le 1er février à la ministre des Transports, afin de préparer le volet programmation de la loi d’orientation sur les mobilités. Les propositions avancées sont en effet « contestables et contestées » pour La Transalpine, car « elles n’intègrent pas l’ensemble des données stratégiques du dossier ».

Repousser les aménagements à 2038, un non-sens

Le COI préconisait de repousser la question des accès au-delà de 2038. « D’ici là, [il] propose d’investir 700 M€ pour des travaux transitoires afin de moderniser la ligne historique Dijon - Chambéry – Modane, laquelle est excentrée et structurellement inadaptée à un axe de fret massifié de dimension européenne », poursuit l’association.

Repousser l’aménagement des accès serait également un non-sens au regard des efforts qu’a promis de fournir l’Italie. Car, de l’autre côté des Alpes, les travaux sont prêts à être engagés et la livraison est prévue pour la mise en service du tunnel, en 2030, en retravaillant le phasage du projet initial, qui a permis de diviser par deux le coût, fait valoir La Transalpine. Un avis qui fait écho au courrier qu'une soixantaine d'élus avaient adressé, il y a un mois, au président de la République, afin de confirmer et d'accélérer l'aménagement des accès.

Elle estime d’ailleurs qu’il est aussi possible de réduire par deux le coût des accès en France. Le montant actuel s’élève à 7,7 Mds€, mais « un phasage plus sobre du projet », pour ne retenir « que les infrastructures indispensables à l’exploitation du tunnel lors de sa mise en service » pourrait aider à baisser la facture.

En attendant la LOM

La Transalpine attend beaucoup de la LOM pour cela. Le volet infrastructures devrait en effet comprendre une partie qui intéressera le Lyon-Turin. Tout d’abord car il doit permettre de programmer le traitement du nœud ferroviaire lyonnais, et la réalisation du contournement ferroviaire de l’agglomération lyonnaise, conformément à ce que le COI recommandait. La Transalpine espère aussi que la loi intègre « selon des étapes de réalisations réalistes, les calendriers du tunnel de base et des voies d’accès.

Elle appelle également de ses vœux l’inscription des « crédits nécessaires à une relance de la dynamique de programmation des accès français », grâce à une redéfinition des aménagements et à des ressources annexes (financements européens, euro-redevance…). Enfin, elle espère que la LOM sécurisera « sur le long terme le plan de financement de la contribution française au tunnel de base », qui correspond à 200 M€ par an pendant la durée du chantier. Ces requêtes seront-elles prises en compte ? Les derniers arbitrages sont en cours, et la réponse ne saurait tarder désormais.

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