Une réponse de diplomate ! En visite à Rome le 1er août, le ministre français de l’Economie et des Finances, Bruno Le Maire, a eu l’occasion d’évoquer la question du Lyon-Turin avec son homologue italien, Luigi Di Maio. Et il a assuré comprendre « les interrogations légitimes » de l'Italie concernant ce grand projet d’infrastructure, indiquant attendre patiemment une position officielle.
Car le chantier est plus que jamais controversé de l’autre côté des Alpes, et les avis divergent au sein même de la coalition gouvernementale. Le Mouvement 5 étoiles, dont font partie Luigi Di Maio et Danilo Toninelli, le ministre des Transports, réclame un arrêt pur et simple du projet. La Ligue de Matteo Salvini, quant à elle, y est plutôt favorable.
Un rapport italien remis en octobre
Depuis une semaine, les commentaires se multiplient. Le 27 juillet, plusieurs journaux italiens expliquaient que le chef du gouvernement, Giuseppe Conte, avait décidé de stopper le projet. Une information qui n’a pas été confirmée par le gouvernement. En revanche, Luigi Di Maio a expliqué le 30 juillet que la ligne ferroviaire devait être « entièrement rediscutée ». Le lendemain, devant le Sénat, Danilo Toninelli a évoqué une pause dans le chantier du tunnel de base. Une étude du projet a été lancée, pour évaluer les coûts et les bénéfices aussi bien sociaux, qu’économiques et financiers.
Remis en octobre, le gouvernement italien dit vouloir étudier toutes les possibilités, y compris celle de renégocier sa participation financière concernant le tunnel de base (actuellement de 35% sur les 8,6Mds€ de cette partie exclusivement, le reste étant apporté par l’Union européenne à hauteur de 25%, et de la France à 25%). Voire celle d’arrêter le chantier.
"A la partie italienne de prendre des décisions"
Si la menace semble bien présente, Bruno Le Maire a voulu se montrer plutôt rassurant lors de sa visite à Rome. Selon lui, en tête-à-tête, Luigi Di Maio était « plus mesuré et pédagogique » que dans ses déclarations publiques.
"Il n'y a pas d'opposition sur le tunnel, il y a des interrogations qui sont légitimes. C'est un investissement qui est très lourd, je comprends que le gouvernement (italien) se demande s'il y a de la rentabilité. Au bout du compte, c'est le contribuable qui paie pour une infrastructure de cette taille-là", a commenté le ministre français, selon des propos rapportés par l’AFP. "C'est à la partie italienne maintenant de prendre des décisions définitives", a-t-il ajouté.
Trois marchés à venir pour 2Mds€
En attendant, et malgré les déclarations du ministre des Transports italien, le chantier du tunnel de base de 57,5 km entre Saint-Jean-de-Maurienne et Suse se poursuit. Interrogée par « Le Moniteur », Telt, la société en charge du projet, nous confie prendre acte des divers commentaires politiques, mais assure ne pas avoir reçu d’ordre formel pour suspendre le projet. Le calendrier ne bouge donc pas pour le moment.
Ainsi, trois avis de marché concernant l’excavation du tunnel de base jusqu’en Italie sont en train d’être finalisés. Prévus normalement pour la fin de l’été, ils représentent un montant de 2Mds€.