A quel point d’avancement se situe le projet du Lyon-Turin ferroviaire à date ?
Au regard de l’avancement des travaux côté italien, l’achèvement de la percée du tunnel de base pourrait intervenir entre 2030 et 2032. Ce point du projet ne fait plus débat et sa nature irréversible a été rappelée tant par le président de la République actuel que par ses prédécesseurs. Aujourd’hui l’attention se porte sur les voies et tunnel d’accès à cette infrastructure transfrontalière. Avec des décisions à réaffirmer sur le tracé, les capacités et le calendrier notamment.
Justement, comment réagissez-vous à l’hypothèse d’un décalage du calendrier de réalisation d’un accès grand gabarit au tunnel Lyon-Turin évoqué dans le scénario central du rapport du Conseil d’orientation des mobilités (COI) ?
Premièrement ouvrir un tunnel de base avec des accès italiens terminés, mais en repoussant aux calendes grecques ceux de la France, le tout en prétendant à tort que les accès actuels seraient largement suffisants, me paraît incompréhensible et donc inenvisageable. Comment pourrait-on proposer des accès 12 ou 15 ans après la livraison du tunnel de base ? Ce serait le meilleur moyen d’apporter du crédit aux opposants aux projets qui auront beau jeu de signaler l’absence de trafic alors sur la ligne alors que celui-ci est justement conditionné à l’existence et l’efficacité des accès.
L’association que vous présidez pointe également l’absence de données pour se prononcer sur les questions de conception comme sur le calendrier des travaux de ces fameux accès. Quels sont les éléments manquants à la prise de décision ?
En décembre 2021, suite à un travail de consultation auprès des élus locaux, une immense majorité s’est prononcée en faveur de projets d’accès dits de « grands gabarits ». Concrètement, il s’agit de privilégier des accès directs pour les voyageurs qui soient également capables de recevoir le fret. Ce tracé a ensuite fait l’objet d’une demande d’évaluation du coût du projet de la part du Ministre des transports, Clément Beaune, pour envisager la répartition de son financement entre les collectivités et l’Etat. Malheureusement, à ma connaissance, rien n’a été entrepris en ce sens depuis.
Sur quelle base peut donc se fonder le COI pour envisager un engagement des travaux d’accès sur la période 2038-2042 dans son scénario central ?
A mon sens, cette recommandation du rapport est prématurée, car le COI ne dispose pas des éléments suffisants pour se prononcer, faute de pouvoir s’appuyer sur des études complètes. Impossible d’anticiper le montant et la répartition des coûts d’un projet d’accès qui n’a pas encore fait l’objet d’une étude technique et financière. Celle-ci doit être lancée et confiée immédiatement à SNCF Réseau afin de pouvoir revenir vers l’état et les collectivités, d’ici deux à trois ans, pour leur exposer un phasage des opérations et explorer les différentes options de financement. Nous ne demandons pas le premier coup de pioche demain matin. Simplement de clarifier les choses pour fonder les décisions sur des éléments objectifs. Au regard des sommes en jeu pour réaliser une étude sur un tronçon de 120 km et les subventions associées à ce genre de travail, le coût ne peut être considéré comme un obstacle.
Si ces études étaient lancées dès maintenant comme vous le souhaitez, les accès pourraient-ils être prêts pour l’ouverture du tunnel de base attendue aux alentours de 2032 ?
Difficile de se prononcer alors que, comme je viens de l’évoquer, toutes les données du dossier ne sont pas sur la table. Au sein de La Transalpine, nous avons néanmoins la conviction qu’il faudra très certainement prioriser les sections les plus utiles. Si tous les accès ne sont pas là au jour de la mise en service du tunnel de base ce ne sera pas un drame, dès l’instant qu’un phasage de travaux et de livraison cohérent aura été acté.
L’hypothèse d’un décalage du calendrier par le gouvernement vous inquiète-t-elle ?
Honnêtement, je ne vois pas s’imposer un raisonnement qui conduirait à retarder la création des accès les plus directs, avec pour conséquence de maintenir les pollutions dans la vallée quelques années de plus, et ce alors même que la réalisation du tunnel de base est désormais irréversible. Je pense que la pression environnementale, mais aussi celle de l’Europe, qui attend avec impatience l’aboutissement du Lyon-Turin notamment en sa qualité de cofinanceur, sera trop forte.