Ambiance de parcs à huîtres au quartier Lyon Confluence en plein aménagement sur le site où Saône et Rhône se rejoignent. Dans les eaux peu profondes du bassin sud de ce Parc de Saône, les équipes de l'entreprise de paysage Parcs et Sports ont stocké au frais une centaine de cagettes en bois. Un peu comme on met les coquillages à l'affinage dans les claires de l'île d'Oléron. Des piquets de plastique blanc quadrillent la surface. Deux hommes en cuissardes choisissent attentivement des conteneurs de végétaux et les transportent à bras sur la berge en pente très douce où ils sont extraits de leurs godets pour être ensuite charriés en brouette jusqu'à l'autre extrémité de la berge vers le chantier de plantation.
Repiquages à un mètre de profondeur.
Quelque 5 000 pieds de plantes aquatiques attendent ainsi d'être repiqués. Carex acuta, Juncus effusus, Hippuris vulgaris. Les noms des différentes espèces ont été soigneusement libellés sur chaque cagette. Pas question de confondre des plants qui parfois se ressemblent beaucoup. Les jardiniers ont en effet à composer un puzzle complexe de végétaux dont la densité varie en fonction de la profondeur du bassin à laquelle ils sont installés. « Nous avons créé des redents avec des hauteurs d'eau différentes, indique Philippe Gaudiez, ingénieur horticole du bureau d'études Cap Vert, maître d'œuvre avec l'agence ADR. Il y a donc une très grande variété de jeunes espèces sur lesquelles on pourrait se tromper. » Ainsi, Saururus cemuus est repiqué sous 40 cm d'eau à raison de 15 plants au mètre carré. Tout comme Alisma plantago-aquatica, mais avec une densité de 40 plants au mètre carré, les Nymphea alba élisant domicile à un mètre sous la surface.
Végétaux indigènes.
Les hommes de Parcs et Sports ont un calepinage précis et rigoureux à respecter. Sur le plan, les emplacements des espèces sont indiqués par de petits carrés qui s'interpénètrent savamment. Il s'agit de recréer aussi fidèlement que possible un écosystème de milieu aquatique pour apporter aux berges l'aspect naturel recherché, toutes les espèces appartenant aux milieux naturels des bords du Rhône. « Cette palette végétale a fait l'objet d'un contrat de culture avec le pépiniériste VGT'eaux dans la Drôme, reprend Philippe Gaudiez. Le choix des espèces, leur mode de culture, leurs conditions de livraison, le volume des conteneurs, la taille des godets pour faciliter la manipulation, tout a été fixé dans le contrat. » La donne paysagère et végétale a été intégrée dans le projet de Lyon Confluence dès la conception. Cette anticipation a permis de pousser la réflexion assez loin et de s'entourer de toutes les garanties pour reconstituer les écosystèmes. Certaines espèces envahissantes comme les phragmites ont été éliminées car elles risquaient de prendre le dessus sur les autres, la tendance proliférante des nympheas étant maîtrisée par l'installation de bacs autour de leur système racinaire. Pour projeter le tracé de plantation dans l'eau, les jardiniers utilisent des piquets de plastique dont la pointe ne s'enfonce pas au-delà de 10 cm.
Des cotes vérifiées scrupuleusement.
Ainsi, le matériau d'étanchéité Trisoplast, un mélange de sable et d'argile épais de 30 cm, ne risque pas d'être transpercé. Pour obtenir la meilleure précision possible, les cotes sont scrupuleusement vérifiées sur le plan. Les équipes utilisent une barque légère servant de plate-forme sur l'eau pour disposer le matériel ainsi que les plantes à portée de main. Sur la berge, Stéphane Dessombz, le chef d'équipe, guide le positionnement des hommes dans l'eau, tandis que les plantations qui doivent avoir leur prolongement sur terre sont installées plus classiquement c'est-à-dire au moyen d'un piochon. -





