Les premières esquisses de ces logements rennais, destinés à l’accession à la propriété, remontent à 1999. A cette époque, la démarche « haute qualité environnementale » (HQE) est moins banalisée qu’aujourd’hui. Manuelle Gautrand, leur architecte, s’en inspire pourtant. Mais attention, souligne-t-elle, « ces logements ne visent pas à être expérimentaux, mais seulement exemplaires et potentiellement reproductibles, de manière à être commercialisés facilement », ajoute-t-elle. Une opération dotée d’un budget serré, qui montre qu’il est possible de construire, à coût encore raisonnable, des logements « verts » et attractifs.
Cette recherche de la haute qualité environnementale ne doit, en effet, pas s’accomplir au détriment de la qualité architecturale. Tel est du moins le credo de Manuelle Gautrand. D’où un équilibre délicat à arbitrer entre contraintes budgétaires, soucis environnementaux, choix architecturaux et qualité d’usage.
Oriels cubiques. Au final, le parti retenu découle de l’accent mis en priorité sur les exigences de performance énergétique. Le programme se répartit ainsi selon trois bâtiments en R 5 longilignes, disposés en peigne, légèrement galbés – afin de ménager des échappées visuelles – et orientés nord-sud pour disposer de façades ensoleillées. Entre chaque corps de bâtiment, se faufile une bande végétale dense et caduque qui participe du confort d’été.
Contre toute attente, le bâtiment est isolé par l’intérieur (PSE et plaques de plâtre), mais équipé de rupteurs de ponts thermiques. « L’isolation extérieure par enduit ou par bardage rapporté n’est pas la panacée, observe l’architecte. Elle finit souvent par se dégrader et constituer une véritable pollution visuelle en opposition à une intégration harmonieuse au contexte... » A l’extérieur, le béton est simplement laqué de « blanc nacré vert ». Les pièces à vivre, exposées au sud, bénéficient des apports solaires directs.
Dans les appartements – tous traversants –, la chaleur captée au sud circule jusqu’aux pièces orientées au nord. Pour y parvenir, le dispositif consiste, soit en un oriel cubique (2,50 m de côté) vitré sur trois côtés et greffé en façade sud ; soit en une loggia « en creux » (3 m de côté) encastrée au cœur du salon. En hiver, le dispositif capitalise les apports solaires. En été, ses parois de simple vitrage s’escamotant, il se transforme en une terrasse ouverte. A l’opposé, les façades nord, dévolues aux chambres, sont très peu ouvertes, avec des baies vitrées réduites au minimum. « On a échappé aux fenêtres PVC grâce à des châssis mixtes bois (à l’intérieur) et aluminium (à l’extérieur) », précise Manuelle Gautrand.
A l’intérieur, les logements sont structurés de manière classique : séparation entre partie jour et partie nuit, chambres de petites surface (12 m2) et cuisines ouvertes sur le séjour, une option négociée avec la maîtrise d’ouvrage qui y a finalement consenti, à la condition de pouvoir facilement les encloisonner si les occupants le souhaitent. Ce projet, qui devait démontrer la viabilité économique d’une démarche environnementale à coût réduit tient ses promesses : 1 100 euros TTC/m2. Peut-on descendre encore sans rien sacrifier de la qualité architecturale ? Quels arbitrages effectuer ? Manuelle Gautrand s’interroge à ce sujet, elle qui avoue précisément travailler sur un autre projet avec le même maître d’ouvrage, mais avec un budget encore plus serré…


