Logement : voir la ville en rose

Pour indiquer sa nouvelle adresse à Dreux (Eure-et-Loir), cette locataire de la résidence de l'Epi dit simplement : « J'habite dans les bâtiments roses, près de la gare. » Il est vrai que l'opération, livrée l'hiver dernier, se repère facilement grâce à ses façades en béton teinté dans la masse. « Notre volonté n'était pas d'en faire un signal, mais de lui donner une identité », explique Gaël Le Nouëne, l'un des trois cofondateurs des Ateliers O-S Architectes. Sa couleur, tantôt vieux rose, tantôt pastel en fonction du ciel, s'harmonise avec celle des anciennes bâtisses alentour, construites en briques.

La résidence prend place sur une parcelle autrefois occupée par le silo d'une coopérative agricole, d'où son nom évocateur. « Nous avons acheté le terrain nu pour y réaliser un programme de 40 appartements et 8 maisons dans le cadre du NPNRU, détaille Martin Brana, directeur chargé du patrimoine et du développement chez le bailleur social Habitat Drouais. Mais, par manque de budget, nous avons dû transférer le montant alloué à la deuxième partie au profit de la première, sinon nous risquions de devoir tout abandonner. Aujourd'hui, la zone inoccupée du site constitue une réserve foncière sur laquelle un programme de 16 logements dont 8 pour jeunes actifs est fléché. »

Une barre fragmentée

Les logements sont implantés le long de la rue des Rochelles, au sein de deux plots de quatre étages, réunis par un socle en béton gris. Celui-ci comprend le parking, les locaux vélos/poussettes et ordures ménagères, la chaufferie, ainsi que les halls d'accès vers les appartements. « Nous avons beaucoup travaillé à l'aide de maquettes pour trouver la juste échelle de l'opération dans ce quartier résidentiel », souligne Gaël Le Nouëne. Afin de réduire son gabarit, la barre de logements a ainsi été fragmentée en deux volumes, eux-mêmes découpés comme des « pièces de puzzle », décrit l'architecte. Leur pourtour crénelé permet de multiplier par deux ou trois le nombre d'orientations dans la majeure partie des habitations. De plus, la moitié d'entre elles bénéficient d'une loggia.

Pour profiter de toutes ces vues, les architectes des Ateliers O-S ont généreusement vitré les façades, peut-être trop aux yeux de certains locataires qui apprécient la luminosité mais regrettent de devoir disposer leur mobilier devant les fenêtres aux allèges basses. « Pour nous, les vitrages contribuent à la qualité d'un logement et ici, face à ce panorama dégagé sur les rails, la gare et la ville, nous voulions offrir aux habitants un maximum de visibilité », défend Gaël Le Nouëne, qui accepte néanmoins la critique. Les paliers, qui desservent cinq appartements par niveau, sont également ouverts sur l'extérieur. La couleur terracotta y est présente par touches. Une manière pour les concepteurs d'accompagner les résidents depuis l'entrée de leur immeuble jusqu'au seuil de leur porte.