La démolition de 200.000 logements sociaux sur cinq ans dans les cités, programmée par le gouvernement mercredi, est accueillie avec prudence par les associations et le mouvement HLM qui craignent, en période de crise du logement social, que les reconstructions "ne suivent pas".
"Détruire 40.000 logements, pourquoi pas, mais nous sommes loin d'être persuadés que les 40.000 reconstructions vont aller de pair avec la démolition", a affirmé Patrick Doutreligne, délégué général de la fondation abbé Pierre pour le logement des défavorisés.
Il rappelle que l'on détruit avant de reconstruire, et qu'actuellement, pour deux logements détruits, un seul en moyenne est reconstruit.
Il n'est plus question en effet aujourd'hui de renouveler les erreurs architecturales des années 60 et 70 et les barres sont remplacées par des petites unités de HLM. Or, souligne le fondation, les communes voisines des quartiers sensibles sont trop souvent réticentes à construire des logements sociaux, sous la pression des habitants.
Du côté des HLM, on reste également prudent sur les capacités du mouvement à appliquer le programme du gouvernement.
"On arrive à peine à démolir 10.000 logements ar an. Même si les sommes sont disponibles, il nous paraît difficile d'imaginer détruire 40.000 logements par an car ce sont des opérations extrêmement lourdes, et à concevoir sur le très long terme", a affirmé Claude Taffin, directeur des études économiques à l'Union sociale pour l'habitat.
Concernant les moyens mis au service de ce programme de rénovation, les HLM sont également très dubitatifs d'autant qu'ils ont déjà du mal à financer les 50.000 logements HLM prévus annuellement par le budget de l'Etat.
"Ajouter 40.000 nouvelles HLM nous paraît relativement difficile même si Jean-Louis Borloo assure que les fonds existent", indique-t-on au mouvement HLM, réuni en congrès à Lille.
Jugeant le programme de rénovation urbaine du ministre délégué à la ville Jean-Louis Borloo, le Conseil national des villes (CNV) s'est inquiété aussi, en mars dernier, d'un "manque de solidarité" des communes en soulignant que "l'accueil des pauvres par les villes riches sera marginal".