Les sénateurs favorables aux retenues d’eau

Dans un rapport rendu public le 7 décembre dernier consacré à l’avenir de l’eau en France dans le contexte du réchauffement climatique, la délégation sénatoriale à la prospective s’est prononcée pour la multiplication des retenues d’eau, malgré les objections des écologistes, et pour un changement de certains systèmes agricoles, avec le soutien financier de l’Etat.

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Vue du Lot depuis le barrage.

Comment se préparer à vivre dans un monde où l’eau va manquer ? En France, l’été 2022 a été effrayant : plus d’une centaine de communes a dû être approvisionnée par des camions-citernes en eau potable. Les précipitations vont se faire plus rares l’été, la fonte des glaciers s’accélérer alors que le rechargement des nappes phréatiques sera plus lent.

Oui, le réchauffement climatique est là. Non, il ne s’arrêtera pas. Le Sénat a étudié le sujet dans un rapport intitulé « Comment éviter la panne sèche ? huit questions sur l'avenir de l'eau en France », fait au nom de la délégation sénatoriale à la prospective. Ses quatre rapporteurs, Cécile Cukierman (PCF), Alain Richard (RDPI), Catherine Belrhiti (LR) et Jean Sol (LR) ont voulu faire preuve de pragmatisme, entre réassurance et planification : « Notre objectif n’est pas de dresser un tableau apocalyptique injustifié mais d’avancer avec pragmatisme », a déclaré Catherine Belrhiti, avant d’ajouter ne pas non plus souhaiter jouer « la politique de l’autruche ».

Créer des retenues d'eau

Première prise de position forte et sans ambiguïté : il faut créer des retenues d’eau en France. Le sujet est sensible, comme l’ont montré les manifestations à Sainte-Soline, dans les Deux-Sèvres, fin octobre, visant à empêcher la création d’une bassine pour alimenter les exploitations agricoles locales. Mais les rapporteurs estiment fermement que « disqualifier globalement le stockage d’eau ne paraît pas fondé scientifiquement » — sans toutefois citer les sources scientifiques qu’ils prennent en compte. « C’est une analyse au cas par cas, à travers des procédures déjà très exigeantes, qui doit déterminer s’il est possible, territoire par territoire, de créer de nouvelles réserves », peut-on lire dans le rapport.

Outre l’irrigation, les retenues peuvent être utilisées contre les feux de forêts, pour la production d’énergie ou l’activité touristique. Les retenues seront de toute façon rendues obligatoires par la poursuite de la stratégie nucléaire de la France, au moment où le débit des cours d’eau est amené à baisser. Voilà qui n’apaisera certes pas le débat… car les futurs réacteurs nécessiteront à la fois des retenues en amont pour assurer leur refroidissement mais aussi des retenues en aval pour laisser refroidir la température de l’eau avant renvoi au milieu. Aujourd’hui, 17 milliards de m3 d’eau sont nécessaires annuellement pour refroidir les centrales électriques.

Consommer moins d’eau

Deuxième axe fort : pousser à la sobriété. Consommer moins, donc. Mais plutôt que de donner la priorité à la rénovation du réseau de canalisations d’eau, dont les fuites représentent chaque année 1 milliard de m3 et qui nécessitera des investissements très lourds (de l’ordre de deux à trois milliards d’euros par an), c’est plutôt l’agriculture qui va être incitée à faire un très gros effort. Ce secteur représente les deux-tiers de la consommation d’eau : on considère qu’elle ne rend pas l’eau prélevée au milieu, contrairement au refroidissement des centrales ou à l’eau domestique, qui repart vers les stations d’épuration. Il faut « accélérer l’adaptation des pratiques agricoles aux nouvelles tensions hydriques », recommandent donc les rapporteurs.

Sauf qu’il ne s’agit plus vraiment de trouver de nouvelles techniques pour s’adapter, mais carrément d’effectuer une révolution complète : « des actions de perfectionnement technique peuvent encore être menées (comme le goutte à goutte) mais pour avoir un impact fort, il faut changer de systèmes de culture, ce qui n’est pas toujours économiquement viable », préviennent les sénateurs. « Ce n’est pas facile sans perdre un ou deux ans de production », ajoute Alain Richard. Les conflits d’usage n’en sont qu’à leurs débuts.

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