Dans "Le Moniteur" de vendredi 27 février, Nicolas Jacquet délégué à l'Aménagement du territoire et à l'Action régionale commente le rapport de la Datar sur la politique industrielle.
La France puissance industrielle", est-ce à dessein que le titre de votre rapport détonne à ce point?
Nicolas Jacquet: Une série d'idées reçues fleurissent sur le thème de la désindustrialisation, elles font oublier les grandes tendances. Notre rapport démontre que l'industrie française pèse à peu près autant qu'il y a vingt ans dans l'économie: 19,5% en 2002 en valeur ajoutée, 20,1% en 1978 ". Et la part française du marché industriel mondial demeure stable.
Ne perd-elle pas tout de même beaucoup d'emplois?
NJ. Pas de manière rectiligne et pas l'ensemble des secteurs. Le redémarrage peut générer à nouveau de l'emploi. Il y a seulement 3 ans, en 2000, l'économie française n'en a jamais créé autant (+600 000) y compris dans l'industrie. Et puis il faut décrypter certaines statistiques, l'externalisation d'un certain nombre de tâches non liées directement à la production aboutit à leur comptabilisation dans les services, de même pour l'intérim qui s'est considérablement développé.
Vous préconisez des liens entre recherche et industrie, cette voie n'a-t-elle pas été totalement explorée déjà?
NJ. Nous voulons coupler formation, recherche et industrie. La France est toujours le 2e pays en Europe par le nombre des brevets et des publications scientifiques; de 1995 à 2001 l'Allemagne, 1ère, a progressé, la France s'est tassée mais moins que la Grande Bretagne, 3e. Et puis de nouveaux pays progressent, singulièrement l'Espagne.
Surtout, il n'y a pas d'adéquation forte entre potentiel de recherche et puissance industrielle. Cette absence de couplage est un concept très novateur. 45% de la recherche sont concentrés à Paris. Exemple, quelle est aujourd'hui la lisibilité internationale de Massy-Saclay? Nulle. Pourtant 45 000 chercheurs y travaillent. Les grandes institutions de recherche, les grandes entreprises de ce tissu travaillent très mal ensemble parce qu'elles ne raisonnent pas "territoire" mais "vertical", individuel. Le jour où on veut faire de Massy-Saclay une nouvelle Silicon-Valley, on facilite le travail en commun, on mutualise… on crée de nouvelles entreprises. L'objectif consiste à en faire un domaine attractif à l'échelle mondiale.
Informations et suite de l'entretien en ouverture de l'actualité du "Moniteur" de vendredi 27 février.
Texte intégral du rapport et informations du "Moniteur" sur la politique d'aménagement du territoire en "Complément d'articles", ci-contre.
