Quelles mesures avez-vous pris pour vos chantiers, dont la moitié sont situés en Ile-de-France ?
Clarisse Mazoyer : Jusqu’à samedi 14 mars au soir, nous avions traité la question du coronavirus en veillant à faire respecter les mesures barrières sur l’ensemble de nos chantiers. Sur la trentaine de sites, aucun ne réunissaient plus de 1000 compagnons et nous avons veillé à ce que les mesures barrières soient affichés, les base-vie régulièrement nettoyées et approvisionnées en savon ou gel…
En raison des restrictions qui ont suivi dans la soirée, nous avons été amenés à réfléchir à des mesures de fermeture de nos chantiers, au regard de plusieurs critères : comptaient-ils plus ou moins de 100 compagnons ? Y-avait-il suffisamment d’encadrant (MOE, CSPS, etc.) pour faire respecter les règles de sécurité ainsi que les mesures barrières, y compris dans les bases vies et lors des repas ? Nous avons aussi étudié le nombre de compagnons amenés à prendre les transports en communs, afin de limiter les risques de connections.
Chaque chantier a été passé à la loupe et 27 d’entre eux ne répondaient pas aux restrictions, car nos chantiers sont, en grande majorité, situés en Ile-de-France et à Paris intra-muros.C’est pourquoi dès lundi 16 mars nous avons pris la décision de fermer l’ensemble de nos chantiers.
La journée de lundi a donc été consacrée à la sécurisation des sites avant leur fermeture. Une sécurisation qui est allée, sur le chantier de l’Ircam, jusqu’à vérifier que l’intérieur des réfrigérateurs était bien vidé, pour ne pas rajouter de risques sanitaires par exemple ! Nous avons aussi organisé la continuité de la surveillance sur les chantiers pendant la fermeture et la coordination avec les exploitants. Nous avons notifié cette suspension à toutes les entreprises dans la foulée.
A quelles difficultés devez-vous faire face à l’Oppic en cette période de confinement généralisé ?
CM : L’Oppic reste ouvert avec toutes nos équipes en télétravail et habituées à œuvrer dans un environnement dématérialisé et nomade. Notre ambition était de passer à une dématérialisation complète de la chaîne de la dépense au 1er janvier 2021 ; nous ne sommes donc pas encore totalement prêts mais avons conçu des mesures d’urgence.
L’enjeu est important : nous devons rester capables de payer nos prestataires afin de ne pas couper la chaîne de dépenses. En cette période de crise, la trésorerie des entreprises est capitale. En tant qu’acheteur, l’Etat demeure particulièrement sensible à ses responsabilités vis-à-vis des entreprises. Ainsi, nous nous concentrons pour que le paiement des prestations effectuées avant la crise puisse être assuré.
Aussi, nous avons pris des mesures avec notre agent comptable pour simplifier les procédures et fluidifier le processus le plus longtemps possible, dans le cadre de la réglementation actuelle. Pour toutes les factures qui nous arrivent d’ores et déjà par voie dématérialisées, elles seront évidemment plus rapidement prises en charge que celles envoyées par voie postale.
Quelles sont vos craintes pour le futur ? Quid de l’exécution des contrats, des problèmes de trésorerie, des retards dans les livraisons ?
CM : Comme tout le monde, nous sommes dans l’incertitude. Et comme tout le monde, nous nous adaptons à la situation au jour le jour. Nous devons continuer de travailler sur les études en cours, pour minimiser les retards et réactiver rapidement l’activité dès lors que les conditions sanitaires le permettront.
Concernant les appels d’offres en cours, nous reportons les visites de sites puisqu’ils sont évidemment fermés. Les délais de réponse seront ajustés en conséquence pour que les entreprises puissent néanmoins répondre dans de bonnes conditions. Nous sommes déjà en train de prévenir les entreprises candidates concernées.
Il y a aussi la question des nouveaux contrats qui étaient à passer. Nous réfléchissons sur comment tenir nos commissions des marchés pour les engagements les plus urgents.
Quant à l’impact économique de cette crise, en matière de délais pour les chantiers et d’application des règles d’indemnisation, il reste devant nous, et nous le traiterons dans le cadre des instructions gouvernementales qui nous seront faites, principalement par le Ministère des Finances. Pour l’heure, nous restons confiants et en lien avec l’ensemble de nos prestataires pour se préparer collectivement à rebondir.