En fin d’année, les huîtres on les retrouve à table… et sous les routes du département de Gironde.
Une démarche innovante du bureau des carrières souterraines du conseil départemental a permis l’élaboration d’un nouveau matériau pour le comblement des carrières.
Le service comble chaque année entre 2 000 à 4 000 m3 de cavités afin d’éviter les risques d’effondrement des routes (29 km sont surveillées, en raison des risques qu’elles présentent).
Accompagné par le laboratoire Esiris (Villenave-d’Ornon), le bureau des carrières a testé plusieurs formules pour réaliser ce mortier. « Six tests ont été réalisés avec six compositions différentes et pour atteindre 1,5 MPa (mégapascal), soit la résistance du terrain naturel, 30 % de coquilles d’huîtres est la part la plus intéressante », indique Sébastien Trebucq, chargé d’opérations au bureau des carrières.
Un coût un peu plus élevé que la technique classique : à Prignac-et-Marcamps, chantier expérimental, pour combler 65 m3 avec 25 tonnes de broyats, le financement s’élève à 46 336,80 euros TTC. Le surcoût est compensé par l’intérêt écologique de la démarche : recyclage des coquilles et utilisation réduite du sable.
L’évolution du matériau va être observée pendant six mois avant un déploiement à plus grande échelle. Le prochain chantier portera sur 3 000 m3 à Lugasson, dans l’Entre-deux-Mers. « La technique n’est pas brevetée, précise Alain Renard, vice-président chargé de la Préservation de l’environnement, gestion des risques et des ressources, infrastructures routières, si d’autres territoires veulent s’en saisir, ils le peuvent. »
Le conseil départemental de Gironde a choisi le chantier de Prignac-et-Marcamps pour tester ce nouveau matériau à base de coquilles d’huîtres pour combler les carrières. © Roberto Giostra/CD33
Une économie pour la filière conchylicole
« L’huître est une richesse et une contrainte, précise Alain Renard, avec cette démarche, nous sommes dans la recherche de valorisation maximale des déchets. »
Développer cette technique permettrait de recycler 1 000 tonnes de coquilles d’huîtres par an, et « à 70 euros par tonne de taxe d’enfouissement pour les déchets, c’est une économie pour la filière conchylicole », estime Alain Renard.
Les partenaires que sont les communautés d’agglomération du Bassin d’Arcachon Nord (Coban) et sud (Cobas), le comité régional de conchyliculture et le syndicat mixte des ports mettent en place une filière de collecte des coquilles, à commencer par l’installation de containers spécifiques dans les déchetteries.
Jusqu’à présent, les coquilles pouvaient être recyclées dans l’alimentation des poules, la fabrication du marquage routier. Et si une utilisation des coquilles pourrait être envisagée dans des bétons routiers – si le volume collecté le permettait – elle ne pourrait l’être dans les enrobés, en raison d’un problème d’adhérence.
