Les Français et la densification urbaine : de nouveaux voisins, oui, mais loin

A quelques jours de ses Assises nationales sur la sobriété foncière des 3 et 4 juillet, l’Ordre des géomètres-experts (OGE) révèle les résultats d’un sondage sur la perception qu’a la population de l’artificialisation des sols, la végétalisation, ou les projets de constructions dans leur environnement. L’enquête souligne l’éternelle contradiction entre volonté d’agir pour le climat et souhait de préserver un cadre de vie agréable.

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Les Français, interrogés par Opinionway pour l'Ordre des géomètres-experts, se disent favorables à la vie en zone urbaine (Ici, le centre historique de Bordeaux). Néanmoins, ils doutent que la densification soit le moyen le plus efficace de lutter contre le réchauffement climatique.

L’Ordre des géomètres-experts (OGE) n’avait pas anticipé la dissolution de l’Assemblée nationale et la campagne électorale qui s’ensuit, et se retrouve à devoir tenir ses Assises de la sobriété foncière dans l’entre-deux tours des législatives. Elles auront lieu les 3 et 4 juillet prochains dans quatre villes : Aix-en-Provence (Bouches-du-Rhône), Epernay (Marne), Fort-de-France (Martinique) et La Rochelle (Charente-Maritime). Mais, avant même ces journées où il sera question de penser les méthodes d’aménagement à l’aune de la Loi Climat et résilience du 24 août 2021, l’OGE aborde dès ce mercredi 26 juin quelques sujets qui fâchent en révélant les résultats d’un sondage réalisé par Opinionway.

Ambiguïté

Destinée à «mieux comprendre les perceptions des Français dans le cadre des nouvelles règles environnementales relatives à l’immobilier», l’enquête a été menée du 14 au 17 juin auprès d’un échantillon de 1 004 personnes représentatives de la population générale (Ses résultats complets sont disponibles en ligne). Interrogés sur leurs connaissances de ce qu’est l’artificialisation des sols et sur leur appréciation de la végétalisation, sur la nécessité de prendre des mesures pour préserver le climat et la biodiversité, les sondés se sont révélés dans toute leur ambiguïté, très ouvert aux nouvelles mesures dans leurs intentions mais réticents quand celles-ci sont susceptibles d’aller à l’encontre de leurs aspirations personnelles.

Ainsi les Français sont 85% à reconnaître que la lutte contre le réchauffement climatique est «une bonne chose pour la nature et l’agriculture» et 83% pour dire que c’est là un «enjeu fort pour l’avenir de notre société». Ils sont même très majoritairement favorables (81%)  à la Loi Climat et résilience concernant la densification urbaine et l’arrêt des constructions sur les espaces naturels et agricoles. Souscrivant à l’idée qu’il ne faut plus artificialiser les terres, une grande majorité d’entre eux affirment être prêts à loger en zone urbaine et sont 60% à estimer «que densifier les villes est une bonne chose». Sauf que…

Densifier mais ailleurs

Dès lors qu’il est question d’accueillir de nouvelles constructions dans leur environnement proche, les répondants craignent que les futurs bâtiments leur fassent de l’ombre ou leur obstruent la vue. Une des conclusions qu’en tire Opinionway est donc que «si l’idée de densification urbaine leur semble bonne, force est de constater que les Français préfèreraient qu’elle se concrétise ailleurs que chez eux.» Au point que «si demain un immeuble se construisait en face de leur logement en les privant de leur vue actuelle, près des trois quarts [d’entre eux] déclarent que cela les inciterait à déménager», est-il encore noté dans la synthèse de l’enquête.

En somme, avoir des voisins c’est bien, mais loin, c’est mieux. Et puis, si le principe de la densification n’est donc pas rejeté en bloc, ce panel représentatif ne le considère pas comme la meilleure voie pour lutter contre le réchauffement climatique.

A la question des moyens à mettre en œuvre dans cette optique, la ville compacte arrive en effet en dernière position (9%), derrière le recours aux énergies renouvelables dans les bâtiments et la réduction importante de la part des énergies fossiles, la création d’espaces verts ou végétalisés ou le développement d’une agriculture de proximité ou promouvoir encore des transports durables, voire la limitation des déplacements grâce au développement d’une offre de commerces et de services de voisinage. A croire que si l’idée densification est enfin entrée dans les mœurs, elle persiste à être un repoussoir.

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