Un tailleur de pierres, compagnon du Tour de France, est intégré au service de la voirie de la ville de Besançon (Doubs). Une illustration de la régularité des interventions municipales sur les fortifications de Vauban, omniprésentes dans la capitale de la Franche-Comté. La Ville recrute d’ailleurs un deuxième agent répondant au même profil. L’œuvre de l’architecte et ingénieur militaire de Louis XIV forme une enceinte parallèle au méandre du Doubs, jalonnée par une quarantaine de tours bastionnées, corps de garde, forts, courtines et remparts.
Depuis dix ans, la ville a consacré près de 8 millions d’euros à la valorisation de ces fortifications. Le contrat de projets Etat-région réserve encore 10 millions d’euros pour la période 2007-2013. Le conseil municipal a approuvé, début juillet, le plan de gestion qui accompagne la candidature au patrimoine mondial de l’Unesco. L’aménagement d’une nouvelle route d’accès devrait permettre au premier site touristique de Franche-Comté de grimper de 250 000 à 400 000 visiteurs par an. Sur les bâtiments abritant des musées et un zoo, l’essentiel des travaux consistera à restaurer la pierre de taille des remparts et à dégager la végétation.
Les tours bastionnées vont revivre. Le service des espaces verts s’emploie déjà à dégager les éléments remarquables des fortifications. Des entreprises d’insertion suppriment la végétation ligneuse aux abords immédiats. Fondé par Vauban et basé à Besançon, le 19e régiment du Génie débroussaille et consolide régulièrement les remparts. En avril, dix sapeurs ont réalisé des travaux acrobatiques et de terrassement, rendant à la pierre son aspect originel. « En créant des points de vue depuis et vers la citadelle, ces travaux facilitent la compréhension du système militaire de Besançon », explique Marie-Pierre Bazan, paysagiste municipale.
Le plan de gestion donnera aussi vie aux tours bastionnées. Insérées au tissu urbain, en plein centre-ville, elles seront progressivement ouvertes au public. Restaurants, commerces, expositions : Marc Vatel, architecte des Bâtiments de France, est favorable à de nouveaux usages. « L’essentiel est que ce patrimoine vive, bien que son architecture très fermée ne facilite pas une occupation », estime-t-il. La tour Rivotte fait l’objet de travaux de mise en sécurité électrique et de menuiseries pour une ouverture ponctuelle au public cet automne.
La restauration de la tour Chamars conditionne le projet de la cité des arts et de la culture, sur les rives du Doubs. Cette opération d’une vingtaine de millions d’euros, au stade du concours de maîtrise d’œuvre, comprend l’installation du fonds régional d’art contemporain dans un ancien entrepôt en brique et la construction d’un nouveau conservatoire national de région. Le règlement du secteur sauvegardé exige des toits traditionnels et des façades qui se fondent avec les bâtiments existants, un alignement des constructions sur la hauteur du bastion et une préservation des vues sur la citadelle. La semaine dernière, le jury a retenu le projet de l’agence Kengo Kuma. Le conseil municipal se prononcera à la rentrée.
Maître d’ouvrage : Ville de Besançon.
Maître d’œuvre : centre d’études techniques de l’équipement (Cete) de Lyon.
Entreprise : Can (Maîche).
Coût : 1 million d’euros.
Calendrier : 2004-2007.

