Le permis de construire du centre commercial d'Aubervilliers a été annulé

Le permis de construire d'un centre commercial géant porte d'Aubervilliers, combattu par des élus et des commerçants de Seine-Saint-Denis et de Paris, a été entièrement annulé par le Tribunal administratif de Pontoise.

Très controversé, ce projet devait voir le jour en 2003 ou 2004 dans le cadre d'une ZAC (zone d'aménagement concerté). Il comprenait une surface de vente de 52000 m2, dont 12000 m2 pour un hypermarché Carrefour, et un parking de 4500 places. Sa zone de chalandise était d'environ 800000 personnes, mordant sur le département et sur plusieurs arrondissements parisiens limitrophes.

Le projet était développé par la Ville d'Aubervilliers, dirigée par le sénateur-maire PCF Jack Ralite, la Compagnie des Entrepôts des magasins généraux de Paris (EMGP, groupe Caisse des dépôts) et le promoteur SEGECE (groupe BNP-Paribas).

Trois décisions le concernant (délibération de la mairie d'Aubervilliers sur la zone d'aménagement concertée, feu vert de la commission départementale d'équipement commercial et permis de construire) ont été annulées par le TA de Pontoise.

Ce tribunal, compétent pour le Val-d'Oise et la Seine-Saint-Denis, a fondé son jugement sur des raisons de forme et de fond. Il a par exemple pointé une étude d'impact routier incomplète car ne prenant pas en compte le Boulevard périphérique ou l'A1, situés à 50 mètres de là. L'enseigne Carrefour a aussi été jugée comme étant en position dominante.

Huit recours, émanant notamment d'une coordination regroupant 27 associations de commerçants et d'artisans, soit 10.800 PME, et plusieurs marchés parisiens, ainsi que de la mairie de Paris, avaient été déposés contre les décisions portant sur le projet commercial régional.

Dans un communiqué, la coordination s'est réjouie de cette "victoire totale".

En revanche, Pascal Baudet, adjoint de M. Ralite, s'est dit, auprès de l'AFP, "déçu, car c'est un projet pour lequel nous avions déployé une grande énergie et qui portait l'espoir de requalification de tout un quartier et d'une entrée d'agglomération. Il entraînait la création de 2000 emplois". La décision de faire ou non appel n'a pas été encore été arrêtée.

Le directeur général des Magasins généraux, propiétaires de la surface à aménager, Patrick Béghin, a vu dans la décision un "coup très dur pour le développement d'Aubervilliers, une des villes les plus sinistrées d'Ile-de-France, avec le taux de chômage le plus important, un revenu moyen par habitant moitié moindre que celui de Paris, et un pouvoir d'achat dépensé à l'extérieur car la ville n'a pas de commerce".

Les opposants (dont les Verts d'Aubervilliers) faisaient valoir que ce "mastodonte" commercial mettait en danger 15000 commerces et 30000 emplois. Des élus parisiens y avaient vu un risque de dépérissement du commerce dans les arrondissements du nord.

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