Pour poursuivre ses développements et gagner en compétitivité dans le secteur de l’électromobilité, l’entreprise iséroise Wattalps vient d’annoncer avoir levé 11 millions d’euros.
Un financement qu’elle est parvenue à sécuriser auprès de ses investisseurs historiques (EIT InnoEnergy, Eximium, EIC Fund) et de nouveaux : Supernova Invest, Ring Capital et encore Move Energy dont l’un des principaux investisseurs est Pon Holdings, le concessionnaire de Caterpillar pour les Pays-Bas et la Norvège. Une confiance loin d’être anecdotique puisque ce concepteur et assembleur de batteries modulaires lithium-ion pour les applications mobiles lourdes réalise la moitié de son chiffre d’affaires auprès d’acteurs du BTP.
Multiplier la production par quatre
Avec cette somme, Wattalps a pour projet d’accroître ses capacités de production annuelle s'élevant à 2000 batteries par an (modules de 10 kWh à 500 kWh). « La ligne de production pilote de notre site de Moirans mobilise actuellement 4 à 8 personnes. Au cours des 18 prochains mois nous prévoyons de dupliquer des équipements clés afin de pouvoir porter la ligne à ses capacités maximales et permettre d’accueillir jusqu’à 16 opérateurs », précise Matthieu Desbois-Renaudin, président et co-fondateur de l’entreprise. Des robots de soudure et des bancs d’essai additionnels viendront donc prochainement muscler la ligne. En outre, Wattalps prévoit aussi de modifier un autre équipement phare nécessaire à l'exploitation de sa technologie brevetée unique de refroidissement des batteries par immersion ceci afin d'augmenter son capacitaire. « Nous allons ainsi multiplier par quatre la capacité de production de notre ligne actuelle », ajoute-t-il.
En parallèle, l’entreprise va préparer son intégration dans un bâtiment plus grand implanté dans la région, qu’elle doit encore identifier d’ici la fin de l’année. Ce nouveau site permettra dans un premier temps de déployer une deuxième ligne de production et d’autres lignes au fil de son développement et de ses besoins. « Notre objectif est que ce nouveau bâtiment soit opérationnel en 2026 », annonce le dirigeant.
Une zone sera également consacrée au reconditionnement des batteries afin de leur donner une seconde vie par exemple en électrifiant des nacelles élévatrices, remplaçant des batteries au plomb dans des chariots élévateurs ou en équipant des groupes électrogènes.
Une équipe doublée d’ici 18 mois
Pour accompagner ses ambitions, l’entreprise recrute actuellement différents profils (techniciens, opérateurs de production, des profils pour son service commercial, études et son service support achat et logistique). Elle prévoit ainsi de doubler ses effectifs dans les 18 prochains mois (NDLR, pour atteindre les 40 collaborateurs).
« L’augmentation de nos capacités de production et de nos effectifs va également nous permettre de réduire nos délais de livraison et être encore plus compétitifs », explique Manuel Ronco, directeur général et co-fondateur de l’entreprise. Wattalps parvient actuellement à honorer ses commandes dans un délai moyen d’environ trois mois. Il achète ses composants à 90 % auprès de fournisseurs européens.
Développer des batteries plus puissantes
D’autre part, avec sa levée de fonds, la société entend étendre son offre de batteries. « Nous sommes capables aujourd’hui de livrer des batteries d’une puissance de 10 kWh jusqu’à 500 kWh. Or, de plus en plus de clients nous demandent de livrer des produits de plus grande capacité destinés à équiper des engins plus lourds, nous travaillons donc au développement d’une batterie pouvant dépasser le MWh », dévoile le président de Wattalps.
Les premiers prototypes de cette batterie plus puissante devraient voir le jour fin 2025 et leur production en série démarrer en 2026.
Sa conception sera, comme pour les autres puissances, modulaire. « Cette modularité est centrale pour adapter les modules au châssis existant des différentes machines que nous équipons », précise le directeur général. « Avec notre portefeuille diversifié nous sommes présents dans le BTP, l’agricole, le transport, le secteur minier et encore les voitures de sport. Nous ne sommes donc pas tributaires d’un marché unique même si la construction reste néanmoins un secteur clé pour nous ».
Actifs dans huit pays européens, Wattalps réalise 80 à 90 % de son chiffre d’affaires hors de France. Face à une demande exponentielle, elle a entre 2022 et 2023, multiplié par 5 son chiffre d’affaires et s’apprête encore à le tripler cette année. « Nous avons désormais l’objectif de dépasser les 100 millions d’euros de chiffre d’affaires en cinq ans », commente le président de l’entreprise.
Et, pour y parvenir, elle compte étendre sa couverture commerciale au-delà de l’Europe, peut-être en Asie du sud-est ou encore aux Etats-Unis, où elle a livré son premier client en mai dernier, un constructeur d’engins de chantier.
