L'idée d'une « contagion positive » fait son chemin au Club plans de paysage. Chargé de mission au bureau des paysages et de la publicité du ministère de la Transition écologique et solidaire, Gilles de Beau-lieu a lancé la formule le 4 décembre dernier, lors du séminaire annuel du réseau de maîtres d'ouvrage publics territoriaux, qui doit faire face à l'accélération de sa croissance : le club gonfle ses troupes au rythme des sélections de plans de paysage issues des appels à projets du ministère. Biennales entre 2013 et 2017, ces consultations publiques sont devenues annuelles depuis lors.
Les maîtres d'ouvrage non lauréats et les maîtres d'œuvre des plans font partie des cibles visées par la contagion positive. Le mot d'ordre répond aussi au besoin de capitaliser les acquis d'autres réseaux : les grands sites de France, les parcs naturels régionaux, les Conseils d'architecture, d'urbanisme et de l'environnement, les paysagistes conseils de l'État. .. « Une structuration plus dynamique permettrait de sortir le réseau d'une logique descendante, pour construire une intelligence collective », espère Gilles de Beaulieu.
En Nouvelle-Aquitaine, la lutte contre la routine passe par Une structuration plus dynamique permettrait de sortir le réseau d'une logique descendante. - GILLES DE BEAULIEU, ministère de l'Écologie
Avec 30 000 euros sur trois ans accordés depuis 2013 à chacun des membres, l'accompagnement technique et financier du ministère ne suffit plus ni à entretenir la flamme, ni à stimuler son rayonnement. Ces besoins favorisent l'émergence d'un nouvel acteur, entre l'animateur national et les territoires élus : les Clubs régionaux de plans de paysage, animés par les Directions régionales de l'Écologie, de l'aménagement et du logement (Dreal), expérimentent de nouvelles pratiques. L'Occitanie et la Nouvelle-Aquitaine ont ouvert la voie suivie par Rhône-Alpes Auvergne et les Hauts-de-France.
En Nouvelle-Aquitaine, la lutte contre la routine passe par des immersions paysagères : « Le Club fixe ses rendez-vous au plus proche du terrain, par exemple une ruine ou une friche désignée comme son QG », cite Stéphanie Doucet Gaillot de la Dreal. Dans la synthèse des ateliers du 4 décembre, le bureau des paysages et de la publicité a retenu cette méthode comme un sous-ensemble de la formation, l'un des trois thèmes phare qu'il a identifiés pour l'avenir du Club. Les partenariats extérieurs, illustrés par la chaire Paysage et Énergie de l'École du paysage de Versailles (voir encadré ci-contre), viennent en second lieu. Enfin, le Club inscrit l'appropriation politique par les élus parmi ses objectifs stratégiques.
Promotion prometteuse
La promotion 2018 démontre la richesse et la diversité du réseau. Hôte du prochain séminaire annuel du Club et fleuron de la concertation orchestrée dans 11 plans paysage et patrimoine à l'échelle des quartiers, Nantes enrichit sa composante urbaine. Idem pour Metz, représentée par un tandem emblématique d'une volonté d'articuler les échelles : en 2017, le syndicat mixte du Scot avait franchi le premier pas, avec un plan de paysage à l'échelle du bassin de vie. En 2018, Metz Métropole rejoint le club avec une démarche plus opérationnelle, concentrée sur la rive gauche de la Moselle, où l'addition des friches viticoles et militaires appelle une intervention cohérente. L'un des nouveaux plans de paysage urbain les plus attendus concerne la Nouvelle-Calédonie, où l'exploitation du nickel va donner naissance à une ville nouvelle à créer de toutes pièces.
Les paysages ruraux et agricoles suscitent également une moisson prometteuse : sans renoncer à une ressource vitale, le parc naturel régional du Morvan interrogera les modèles sylvicoles industriels. Clermont-Ferrand invitera l'agriculture de proximité à s'intégrer dans son plan. Au nord-ouest de la métropole lyonnaise, le syndicat mixte du Beaujolais approfondira les pistes tracées dans le « Carnet de territoire » publié en 2016 par le Conseil d'architecture, d'urbanisme et de l'environnement du Rhône : rebondir sur le classement du Geoparc au patrimoine mondial, en avril 2018 ; résister à l'étalement urbain et à la déprise agricole ; stimuler le tourisme vert. « Le syndicat mixte s'appuiera sur des partenariats avec des laboratoires de recherche publics », précise Sophie Dubois, chargée de mission et paysagiste.
