Incendie : le chantier, une phase à haut risque [archives 2016]

De nombreux bâtiments partent en fumée à la fin des travaux. Les causes sont toujours les mêmes.

 

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Les trois quarts du toit de la basilique Saint-Donatien, à Nantes, ont été détruits le 19 janvier 2016 par un incendie. Son origine : des travaux de soudure.

La liste des faits divers n’est pas exhaustive : le 19 janvier 2016, un feu ravage le dernier étage et la toiture de l’hôtel Ritz. Encore en travaux, le palace parisien devait rouvrir ses portes en mars prochain. L’enquête déterminera les causes exactes du sinistre. Le 15 juin 2015, l’incendie de la basilique Saint-Donatien, à Nantes (Loire-Atlantique), détruit les trois quarts du toit de l’édifice. Des travaux de soudure sont à l’origine du sinistre. Le 10 juillet 2013, l’incendie de l’hôtel Lambert, à Paris, cause des dommages irréversibles à l’édifice du XVIIe siècle. Près de trois ans plus tard, le contentieux n’est toujours pas réglé.

« A chaque fois c’est notre patrimoine qui part en fumée », déplore Jean-Charles du Bellay, chef du département sécurité incendie et accessibilité handicapés à la Fédération française du bâtiment (FFB).

De nombreux monuments historiques ont été détruits par des incendies ces dernières années, avec un point commun : le feu se déclenche pendant les travaux. Ces monuments ne sont d’ailleurs pas les seuls touchés : rien qu’à Paris, la brigade des sapeurs-pompiers compte un incendie sur chantier tous -es trois jours depuis janvier 2014. « Les enquêtes pour déterminer l’origine des sinistres mettent toujours en évidence les mêmes défauts », pointe Jean?Luc Cochet, directeur de formation au pôle management incendie du CNPP.

Dans la plupart des cas, le feu a pour origine des travaux par points chauds, tels que le chauffage des lés de bitume lors de la réalisation de l’étanchéité d’une toiture-terrasse, ou d’une intervention sur des éléments métalliques, comme des tuyaux de chauffage ou de climatisation.

« L’échauffement va se propager par conduction à travers le métal et atteindre un isolant combustible, poursuit-il. Comme ces matériaux sont mis en œuvre dans des espaces confinés, la combustion sera d’abord lente et difficilement détectable, du fait du manque d’oxygène. » Ces feux vont mettre plusieurs heures à se déclarer, d’où de nombreux départs d’incendie en début de soirée, quand les compagnons ont quitté le chantier.

Eviter les départs de feu.

« Ces sinistres pourraient être évités si la procédure de permis de feu était respectée », note Fabienne Tiercelin, déléguée générale de la SMABTP. Selon l’assureur, ce document fait défaut dans 80 % des cas. Le permis de feu (lire ci-contre) sert pourtant, justement, à éviter tout départ de feu.

Outre le défaut de permis de feu, la malveillance est également la cause de nombreux sinistres, selon les compagnies d’assurance : « les voleurs de matériel ou de matériaux dissimulent leur larcin en mettant le feu aux déchets de chantiers, un combustible idéal », note Jean-Luc Cochet.

Enfin, la dernière cause d’incendie sur les chantiers tient aux installations électriques provisoires. Les réseaux de chantiers, qui comportent plusieurs multiprises et rallonges peuvent également générer des départs de feu. Ce fut le cas sur le centre commercial Vill’Up à Paris, fin août 2015. Le feu, vraisemblablement d’origine électrique, s’est déclenché en pleine nuit et a ravagé une grande partie de l’édifice, à deux mois de son ouverture. Les travaux n’ont pu reprendre que six mois après l’incendie.

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