Combler un vide entre voiture particulière et autobus : le microbus Gruau est la réponse du carrossier mayennais. Le véhicule, récemment inauguré par Marie-Thérèse Boisseau, secrétaire d'Etat aux Personnes handicapées, et Dominique Bussereau, secrétaire d'Etat aux Transports, va être mis en service à Laval à la mi-mars.
L'une des originalités de l'opération réside dans l'organisation de la demande, avec la création d'un GIE associant les futurs clients du microbus. Le GIE rassemble opérateurs et villes (Kéolis, Connex, RATP, régie des transports marseillais, villes de Clermont-Ferrand, de Laval...) et a bénéficié d'une prime du ministère des Transports de 1,5 million d'euros.
Selon Guy Bourgeois, directeur général de l'Institut national de recherche sur les transports et leur sécurité (Inrets), le microbus Gruau a une histoire similaire à celle l'Airbus A380 : ce sont les 100 pré-commandes à partir du cahier des charges qui ont lancé son développement. Gruau a d'ailleurs investi 4,5 millions d'euros en recherche et développement sur les 7,5 millions nécessaires à la conception du bus.
S'affranchir des procédures d'appels d'offres
Le GIE a pu s'affranchir en partie des procédures d'appels d'offres qui n'autorisent pas d'acheter un produit n'existant pas encore, en s'appuyant sur la législation européenne permettant un marché de gré à gré. C'est ainsi que Clermont-Ferrand s'est engagée dès le départ pour 5 microbus et la RATP pour 20. D'autres villes, non-partenaires du GIE, sont déjà intéressées par ce produit complémentaire des bus traditionnels, comme Bagnoles- de-l'Orne qui l'envisage pour transporter des curistes sur de courtes distances.
D'un point de vue technique, le microbus (22 places) combine accessibilité (plancher bas, accueil de 3 fauteuils roulants) avec deux versions de motorisation : diesel ou hybride (électrique/diesel). Son coût varie selon le modèle de 85 000 à 115 000 euros pour une autonomie de 30 à 350 km. Son développement a fait appel à des compétences locales inédites. Ainsi, pour concevoir le modèle, une maquette « virtuelle » à l'échelle 1 du microbus a été réalisée au sein de l'Ingénérium de Laval Agglomération par la start up O'kénite. Ce qui a fait gagner « 30 % de temps sur la CAO de la phase faisabilité », assure Sophie Maitrallain, pilote du projet au sein de Gruau. La chaîne de montage sera finalisée à Laval en juin, avec 40 microbus produits fin 2004. Vingt-cinq embauches compléteront les 25 salariés actuels. A partir de 2006, une centaine de microbus sortiront chaque année de cette chaîne de production.
PHOTO : Le microbus sera mis en service à la mi-mars à Laval sur une nouvelle ligne régulière des TUL (filiale de Kéolis) passant au coeur du centre ancien.
