Vaste territoire qui longe la Garonne du nord au sud, la rive droite de l’agglomération bordelaise se reconnecte à la ville-centre et sort de son isolement. Reliée pour la première fois à la rive gauche, où s’est créée Bordeaux, par le pont de Pierre construit au XIX siècle, elle a accueilli les premières industries au bord du fleuve puis, un siècle plus tard, les grands ensembles sur les coteaux, à l’emplacement d’anciens domaines, pour loger les salariés des usines. Les crises économiques successives ont renforcé l’isolement de ce territoire mal desservi par les transports en commun, coincé entre la rocade et le fleuve. Il faut attendre la signature de la zone franche urbaine en 1997, qui s’étend sur Bordeaux, Cenon, Floirac et Lormont, pour amorcer la transformation de cette rive, avec la création de 9 000 emplois en 2005. En 2001, les communes de Bassens, de Cenon, de Floirac et de Lormont formalisent leur volonté de changement en signant le Grand projet de ville (GPV). Réunies au sein d’un groupement d’intérêt public (GIP-GPV), chacune conduit seule ses projets, secondée par la société Algoe qui a une mission d’assistance au pilotage. En parallèle, pour garantir la démarche territoriale, le GIP-GPV a créé des outils et commandé des études transversales : une charte de qualité urbaine, paysagère et architecturale, des études d’image, l’observatoire du relogement… « L’enjeu prioritaire était le changement d’image de nos quartiers. Il fallait les faire muter par du renouvellement urbain, des équipements de qualité ainsi que du développement économique et social », rappelle Conchita Lacuey, maire de Floirac et députée. Pour mener cette mutation, les cinq conventions de renouvellement urbain signées avec l’Agence nationale de rénovation urbaine (Anru) entre 2005 et 2006 ont représenté une manne financière bienvenue pour des communes endettées et sous-fiscalisées, en apportant des financements pour les espaces et les équipements publics.
Briser les frontières
Le projet urbain a largement été structuré autour du tramway, qui a brisé des frontières en reliant entre elles, à partir de 2003, les quatre communes mais aussi en permettant aux habitants de la rive droite d’accéder en un quart d’heure au centre de Bordeaux. La création d’équipements d’envergure - la salle de musique Le Rocher de Palmer à Cenon, la salle de spectacle grand public de 14 000 places Arena à Floirac ou le centre thermo-ludique Les cascades de Garonne à Lormont - ainsi que la mise en évidence du fil vert du parc des Coteaux, sont d’autres éléments identitaires et d’ancrage dans l’agglomération. La volonté de rééquilibrage entre les deux rives est d’autant plus forte que les liens pour franchir la Garonne sont en train de se multiplier. Aux trois ponts actuels vont en effet s’ajouter le pont Bacalan-Bastide, qui devrait être inauguré en 2012, et celui de Jean-Jacques-Bosc, attendu en 2016. En s’appuyant sur une armature solide confortée par le pôle multimodal sur le bas Cenon (tramway, TCSP et train), la rive droite sera partie prenante de la démarche de la métropole millionnaire de la communauté urbaine de Bordeaux (CUB), qui ambitionne de créer 50 000 nouveaux logements. Un premier cycle de transformation se termine avec l’achèvement de la contractualisation avec l’Anru. Il s’agit maintenant de faire le lien entre la plaine et le haut de Garonne, en créant des axes de déplacement doux d’est en ouest pour structurer et relier les quartiers en projet au fleuve et aux coteaux.
