Jacques Thibier, directeur général de la SHLMR, est redevenu président de l'Association régionale des maîtres d'ouvrage sociaux et aménageurs de l'océan Indien (Armos), à La Réunion. Les membres en assurent, en effet, la présidence tournante. Cette passation de pouvoirs est l'occasion de dresser avec lui le bilan du logement social dans l'île.
Vous êtes de retour à la présidence de l'Armos. Où en est cette structure, qui regroupe depuis 1991 les différents acteurs du logement social de l'île ?
JACQUES THIBIER. L'Armos est, en effet, un « mouton à cinq pattes » regroupant des organismes aux statuts différents sans esprit de chapelle. Dans vingt ans, dans une hypothèse démographique et de migration moyenne, l'île comportera 250 000 habitants supplémentaires, ce qui nécessitera la construction de 180 000 logements, près de 70 % des logements existants aujourd'hui. La production totale (8 500 logements en 2002) semble quantitativement suffisante, mais ce chiffre cache des problèmes de fond : une inflation préoccupante des coûts fonciers constructibles et une difficulté croissante de trouver du foncier équipé.
Comment expliquez-vous la difficulté de consommation des crédits destinés au logement social ?
En dépit de tous nos efforts, nous éprouvons de plus en plus de difficultés à sortir des programmes et à consommer les crédits qui leur sont destinés. Les terrains sont rares, onéreux, en raison d'une réglementation complexe et de la nécessité de préserver des terres agricoles. L'aménagement des terrains est très coûteux, on manque de réseaux primaires. Enfin, actuellement, les carnets de commande confortables des entreprises les rendent moins soucieuses de répondre aux appels d'offres des bailleurs sociaux. Nous soutenons la solution préconisée par le Conseil économique et social pour trouver des terrains : « Un sacrifice raisonné des terres vierges. »
Comment l'avenir vous apparaît-il ?
Le logement social vient de connaître coup sur coup deux séismes : le coup de pied de Jean-Louis Borloo dans la fourmilière de l'organisation du logement social en France et la décentralisation, qui donne un poids plus grand aux établissements publics intercommunaux. Aujourd'hui, l'idée est ancrée dans l'esprit des Français que le logement social appartient à la nation. Nous devons prendre en compte l'avenir des quartiers DSQ. Ces obligations de service public entrent dans l'exercice de nos métiers pour les dix ans qui viennent.