L’indépendance n’est pas toujours un gage de liberté. L’Organisme de qualification des économistes de la construction et des programmistes (Opqtecc) qui s’apprête à voir son indépendance reconnue par un organisme d'accréditation en fait actuellement l’expérience. Créé en 1965 par la profession et sous son influence jusqu’à la fin des années 2000, l’Opqtecc a engagé sa transformation il y a maintenant huit ans. Objectif : renforcer la confiance des donneurs d’ordre à l’égard des entreprises en devenant une organisation impartiale dans l’attribution des qualifications. La solution : se plier à la norme NF X50-091 intitulée « Exigences générales relatives aux organismes de qualification de fournisseurs ». Libre accès à la qualification, transparence des procédures, clarté des critères, indépendance commerciale, collégialité des décisions ménageant les intérêts concernés… figurent en bonne place des nouvelles obligations imposées aux organismes de qualification qui s’engagent sur cette voie.
Ainsi, quatre collèges constituent désormais l’Opqtecc. Ils représentent les professionnels (Untec, Ordre des architectes, Sypaa, Opqmoc et Rics*), les clients (maîtres d’ouvrage, donneurs d’ordres, acheteurs), les institutionnels (ministère, assureurs, Qualitel…) et les membres actifs (les qualifiés et les certifiés** Opqtecc). Dernière étape de la démarche, obtenir d’ici à 6 mois, à partir de la demande d’accréditation déposée début 2013, la sacro-sainte reconnaissance de cette indépendance et de cette impartialité.
Le prix de l’indépendance
L’adhésion à la norme a immédiatement produit son effet : « Avec le relèvement des exigences nous avions tout d’abord perdu une trentaine de qualifiés en 2012 sur les 550 que nous comptions encore en 2010, témoigne Guillaume Desforges, président de l’Opqtecc, mais ces mêmes exigences nous valent déjà, depuis la fin 2012, une dizaine de nouvelles demandes de qualification par mois, essentiellement dans le métier d’assistant à maîtrise d’ouvrage (AMO) ». Plus exigeant que la norme, l’Opqtecc demande même aux postulants d'attester d’une formation continue dans leur métier. Et comme ses prédécesseurs dans cette voie, tels que Qualibat (pour les entreprises) et l’Opqibi (pour l’ingénierie), l’Opqtecc fait naturellement payer la nouvelle qualification au prix qui lui garantit son indépendance financière : « il faut compter 1 200 euros par an de cotisation à l’Opqtecc pour un économiste ayant un chiffre d’affaires de 500 000 euros », concède Guillaume Desforges. Mais selon lui, la qualification valorise l’entreprise. Reconnaissance par les assureurs, par des repreneurs d’entreprises en cas de transmission, et par les maîtres d’ouvrage notamment publics, seraient les effets collatéraux très positifs du nouveau système. Reste que la plupart des maîtres d’ouvrage, s’ils reconnaissent parfois l’intérêt de la démarche, continuent d’exiger dans les appels d’offres la production des mêmes documents que ceux demandés pour la qualification, n’épargnant pas les qualifiés de renouveler cet exercice administratif indéfiniment pour répondre à chaque candidature de marché.
Ce dysfonctionnement dans la communication des entreprises n'atteint pas le moral de Guillaume Desforges qui estime, grâce à la nomenclature rénovée en profondeur, que la qualification facilite la sélection par la maîtrise d'ouvrage de professionnels compétents. Optimiste, ce dernier fixe l’objectif à 1 300 qualifiés d’ici à 3, voire 5 ans : « c’est 50% de la profession qui compte environ 2 600 professionnels ».