La métropole de Bordeaux métamorphose des entrées de ville en quartiers de vie

Bordeaux Métropole a lancé, mardi 8 juillet, une consultation internationale pour l’aménagement de six de ses entrées de ville commerciales, appelée « portes métropolitaines ». Première étape d’un nouveau mode d’aménagement qui s’intéressera par la suite aux secteurs de gare, aux corridors le long des transports, aux centres-bourgs, aux territoires de nature ou à la surélévation des bâtiments existants. Les équipes pluridisciplinaires ont jusqu’au 26 septembre pour faire leurs propositions.

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Les Portes du Lac, au nord de Bordeaux
Les portes du Lac, au nord de Bordeaux, est un secteur de 52 hectares, artificialisé à 95 % et sur lequel Nhood a déjà démarré une réflexion.

Faire de la France moche, la ville désirable. C’est l’objectif de Bordeaux Métropole avec cette consultation sur l’aménagement des zones commerciales. Futurs secteurs d’aménagement métropolitains. Et pour cause, « il faut mettre fin à la politique du zonage, confirme Jean-Marc Stébé, sociologue spécialiste des banlieues et invité pour le lancement de la consultation ; un espace, une fonction, c’est fini. » Et selon le sociologue, ces territoires recèlent de qualités sous-exploitées : proximité avec les centres et la nature ; accessibilité ; foncier au prix attractif ; superficies et l’intérêt – voire même l’urgence – à éradiquer ces îlots de chaleur. Et les zones commerciales de périphérie restent plébiscitées, puisque selon un sondage Ipsos de mai 2025, 69 % des Français les fréquentent au moins une fois par mois, quelle que soit leur catégorie d’âge ou de revenus. Pour autant, si – selon le premier baromètre des entrées de ville réalisé en juin par la Scet, société de conseil et d’appui aux territoires, filiale de la caisse des dépôts, et Icade – plus de 3 800 sites commerciaux d’entrées de ville seraient exploitables, sur les 250 territoires étudiés, tous ne se valent pas.

Les six premiers sites choisis par la métropole – qui représentent 7 000 ha - sont des entrées stratégiques et présentent un fort potentiel de développement. Ils ont été répartis en trois lots : au nord avec Bordeaux-lac et Bruges et les Hauts de Garonne à Lormont, Cenon et Artigues-près-Bordeaux ; à l’ouest, de part et d’autre de la rocade dans le secteur de l’aéroport à Mérignac et dans le secteur d’Inno Campus à Pessac, Talence et Gradignan ; et, enfin, à l’est avec la zone d’Arcins Garonne qui couvre Bègles et Villenave d’Ornon et la porte plaine sud Garonne à Floirac et Bouliac. « Nous cherchons des équipes pluridisciplinaires qui nous proposent un plan d’actions pour pouvoir produire du logement, assurer un développement économique et mettre fin à l’activité monofonctionnelle ; il s’agit également de rapprocher les habitants des lieux de consommation, de l’emploi et des loisirs et développer les mobilités douces », précise Christine Bost, présidente de Bordeaux Métropole.

Les six « portes métropolitaines »proposées à l’aménagement par Bordeaux Métropole (juillet 2025)
Les six « portes métropolitaines »proposées à l’aménagement par Bordeaux Métropole (juillet 2025) Les six « portes métropolitaines »proposées à l’aménagement par Bordeaux Métropole (juillet 2025)

Les six territoires proposés à la consultation sont répartis en trois lots. Les équipes peuvent faire des propositions sur plusieurs d’entre eux, mais ne seront retenus que sur un seul lot. © Bordeaux Métropole

« Chaque projet est un jeu d’équilibre »

Un exercice certes innovant, mais pas tout à fait nouveau pour la métropole bordelaise puisqu’il est mené par la Fab depuis dix ans sur les 69 hectares de Mérignac-Soleil avec les architectes-urbanistes de List depuis 2023 (à la suite d’OMA qui avait démarré le travail en 2016), Michel Desvigne Paysagistes et Alto Step, et qui entrera dans sa seconde phase en 2026. Près de 870 logements ont été livrés, pour un objectif de 2 900, d’ici 2033. L’objectif est de maintenir les enseignes sur place, créer du logement, des services, des stationnements en silo et trois parcs sur une zone qui était en grande partie artificialisée. Dans le cadre de cette consultation, Mérignac-Soleil fait d’ailleurs office de démonstrateur.

Connu, l’exercice n’en est pas moins difficile, comme en témoigne Christophe Janet, directeur général délégué de Nhood, opérateur immobilier mixte de l’Association familiale Mulliez (AFM). « On doit transformer ces entrées de ville en quartiers de ville, mais pour cela il faut une vision, des partenaires solides et un peu d’endettement, voire beaucoup… » Il prévient : « Il ne s’agit pas de friches, chaque projet est un jeu d’équilibre car il est question de fonciers occupés, en activité, multipropriétaires et stratégiquement localisés. » Nhood crée d’ailleurs pour ses opérations des espaces de collaboration composés de commerçants, clients, habitants, élus locaux et associations « à qui nous présentons des actions de préfiguration », précise-t-il. Compte tenu du contexte de crise que vit le commerce, ces opérations pourraient être plus faciles à mener dans les années à venir. Un paramètre sur lequel semble compter la métropole.

Les trois équipes lauréates seront désignées en décembre 2025 et une restitution des propositions par porte est attendue à l’été 2027.

Information et candidature sur le site Internet de Bordeaux Métropole : https://www.bordeaux-metropole.fr.

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