« Qui a dit que la Grande Motte était moche ? » Stéphan Rossignol le jeune Maire de la Grande Motte aime à citer l’article de Sophie Cachon paru dans Télérama en juillet 2010. Car si la station balnéaire dessinée à la fin des années 1960 par l’architecte Jean Balladur a longtemps été déconsidérée, elle connaît depuis peu un regain de popularité. En 2010, la ville a reçu l’officiel label de « patrimoine du XXe siècle ». Et les 100.000 vacanciers qui s’y donnent toujours rendez-vous l’été, le cèdent désormais aux 8500 habitants qui y vivent à l’année. Un chiffre en progression constante qui oblige à repenser le fonctionnement global de la ville.
En janvier 2010 la nouvelle équipe municipale présente son schéma directeur mis au point par l’architecte-urbaniste Christian Biecher : identification des grands pôles touristiques, création d’un centre-ville, maillage viaire structuré…C’est tout le développement de la ville qui est organisé à l’horizon 2025, autour de son patrimoine architectural et paysager. Avec 70 % d’espaces verts et la mer pour horizon, la ville dispose d’atouts naturels de taille.
Première déclinaison de ce schéma directeur, la requalification de l’avenue de l’Europe qui relie l’entrée de la ville à la mer. Le projet lauréat de l’agence d’architecture et de paysage ‘Urbicus’, vise à conforter « l’interface entre la ville ordinaire et la ville balnéaire. » L’emprise au sol de la voiture est réduite d’autant que la voie débouche en impasse sur la mer, obligeant la moitié des véhicules à rebrousser chemin sans pouvoir se garer. L’espace public libéré est rendu aux pins, aux piétons et aux commerçants. Les fontaines seront remises en eaux. L’ensemble est posé sur une dalle de béton fidèle au projet de Jean Balladur qui permet d’unifier la ville et le front de mer.
« La difficulté du travail tient à la nécessité de restaurer l’œuvre de Jean Balladur tout en la prolongeant » explique l’architecte-urbaniste et paysagiste Jean-Marc Gaulier qui entend suivre son prédécesseur jusque dans la méthode : à la planification urbaine est associé le souci du mobilier urbain. Le designer François Azambourg a dessiné des lampadaires plus ou moins hauts et arrondis, disposés en groupes variables. « Il convient de s’inscrire dans une architecture intimidante sans en rajouter » commente l’artiste, qui entend ainsi apporter sa pierre à la reconfiguration de la ville jeune mais d’ores et déjà patrimoniale.


