La Courrouze. Une zone morcelée, au passé marqué par les activités industrielles et militaires depuis près d’un siècle et demi. Rennes Métropole a choisi d’y réaliser, à défaut d’être exceptionnelle, une opération exemplaire potentiellement transposable pour d’autres projets d’aménagements. Objectif : favoriser la mixité sociale et offrir un cadre de vie agréable, tout en respectant les principes du développement durable (équité sociale, économie d’énergie, déplacements alternatifs, gestion de l’eau et des déchets…). L’aménagement du secteur de La Courrouze permettra également de relier le centre-ville à La Prévalaye, domaine naturel aménagé pour les loisirs et situé juste au-delà de la rocade, via une « coulée verte » et favorisera la création d’une liaison entre deux quartiers, autrefois séparés par cette enclave inaccessible : Cleunay au nord et Pigeon Blanc au sud.
Trois entités foncières. « La gestion du foncier constitue à elle seule un travail de longue haleine » souligne Eric Beaugé, responsable du projet au sein de Territoires, la société d’aménagement du Pays de Rennes, chargée de la maîtrise d’ouvrage. La complexité de l’acquisition foncière est liée à la nature des anciennes activités et, pour certains terrains, des locataires qui ont pu s’y succéder. Trois entités foncières principales se dessinent (Giat industrie, ministère de la Défense et établissements Langlois), avec des types de pollutions variées, chimiques ou pyrotechniques. Selon les cas, les terrains sont achetés dépollués (par exemple ceux appartenant à la Défense) ou non si le pollueur est difficile à identifier du fait de la succession des occupants (par exemple sur le site des établissements Langlois). « L’objectif de la société Territoires est de ne pas risquer de bloquer l’avancement du programme » explique Eric Beaugé, qui agit en « chef d’orchestre » pour coordonner tous les acteurs concernés et faire respecter les objectifs programmatiques, les délais et le budget. Au total, le site couvre 115 ha, car le centre de sélection et le 16e groupement d’artillerie situés au cœur de La Courrouze restent en activité et propriété de l’Armée. À cela s’ajoute une emprise SNCF (passage de la ligne à grande vitesse) ainsi qu’un terrain géré directement par Rennes Métropole.
Un quartier ouvert sur l’extérieur. À ce jour, les transactions avec les anciens propriétaires sont réalisées ou en phase de finalisation pour 65 des 89 ha cessibles. Le parti pris des maîtres d’œuvre lauréats, les urbanistes Paola Vigano et Bernardo Secchi associés au paysagiste Charles Dard, a été d’utiliser la richesse végétale existante et la topographie très particulière du site pour créer différentes formes urbaines, afin de répondre à l’exigence de mixité urbaine et sociale et de reconnaître simultanément l’histoire antérieure du site. Parce qu’elle s’est développée sur des secteurs délaissés depuis plus ou moins longtemps par l’industrie, la végétation existante est à la fois remarquable et fragile.
Pour examiner le niveau de diversité biologique, la qualité du sol-support de la végétation et préciser à partir de ces éléments, les secteurs qu’il serait possible de conserver, ils ont fait appel au bureau d’étude Aubépine, spécialiste de l’arbre. En complém ent, il est prévu de procéder à de nouvelles plantations, tout en regardant la nature relativement pauvre des sols comme une opportunité d’aménagement du paysage spécifique. L’ensemble constitue un maillage qui irrigue tout le quartier et l’ouvre vers l’extérieur.





