Priorité à l’adaptation ! Selon l’Institut de la francophonie pour le développement durable (IFDD), le rééquilibrage de l’action climatique mondiale constitue un acquis majeur de la dernière conférence des parties (Cop 26), réunies à Glasgow (Ecosse) du 12 au 22 novembre.
Rééquilibrage vers l’adaptation
Alors que l’atténuation a concentré jusqu’ici 75 % des moyens financiers de l’action climatique mondiale, les Nations-Unies mettent le cap sur un doublement des moyens affectés à l’adaptation : la conférence a fixé l’objectif à 40 milliards de dollars par an en 2025.
Dès cette année, le conseil d’administration du fonds dédié des Nations unies enregistre 356 millions de dollars de financements publics, soit trois fois la somme escomptée initialement pour 2022 : « Un progrès remarquable », a commenté Laetitia De Marez, directrice du réseau pour l’accès au financement climatique, invitée le 22 novembre à l’atelier consacré au bilan de la Cop 26 par l’Institut de la francophonie pour le développement durable (IFDD).
Partie remise pour les pays pauvres
Même si la conférence n’a pas atteint l’objectif annuel de 100 milliards de dollars promis en 2009 à Copenhague au profit des pays en voie de développement, l’atelier a souligné les progrès engagés dans cette voie, après les 80 milliards atteints en 2019. « Nous avons désormais un plan pour arriver aux 100 milliards en 2023, sous l’égide du groupe de travail coprésidé par l’Allemagne et le Canada, avant la fixation de nouveaux objectifs plus ambitieux en 2025 », souligne Laetitia De Marez.
Certes, la compensation des pertes et préjudices subis par les pays pauvres se heurte encore à l’opposition farouche des Etats-Unis. Mais même sur ce terrain, les gestes symboliques annoncés à Glasgow par l’Ecosse et la Wallonie ouvrent une voie : « Le résultat est encore loin, mais la discussion s’est ouverte », estime Laetitia De Marez.
Mise en oeuvre de l’accord de Paris
« Le réseau de Santiago ne suffit pas. Mis en place à Varsovie par la Cop 25, il catalyse l’assistance technique, face aux pertes et préjudices. Son opérationnalisation à travers un mécanisme financier fait désormais l’objet d’un plan décidé dans les dernières minutes de la Cop 26 », ajoute Maude Dufort Labbé, coordinatrice du réseau canadien pour l’action environnementale.
Plus globalement, le négociateur de la République démocratique du Congo Tosi Mpanu Mpanu retient la finalisation de l’article 6 de l’accord de Paris (Cop 21), pour passer des règles à leur mise en œuvre, dans les domaines du financement, de la transparence et du calendrier : « Nous disposons désormais d’un socle solide et utile », commente Paul Watkinson, ancien négociateur français de la Cop 21 et conseiller auprès du directeur des affaires européennes du ministère de la Transition écologique. Les espoirs portent notamment sur les mécanismes de financements hors marché prévus à l’article 6.8 de l’accord de Paris.
Un fonds vert trop bureaucratique
Parmi les principales sources de frustrations évoquées lors de l’atelier du 22 novembre, les lourdeurs bureaucratiques et le fonctionnement centralisé du Fonds Vert pour le climat des Nations-Unies figurent en bonne place. « J’attendais plus des procédures d’approbation simplifiées prévues pour les petits projets pilote et reproductibles. Ca n’a pas marché : les efforts de simplification sont restés lettre mortes », déplore Laetitia De Marez.
La directrice du réseau d’accès au financement climatique souhaite que les pays les moins avancés bénéficient d’exceptions aux règles d’acceptation des dossiers, eu égard à leur vulnérabilité et aux menaces qui pèsent sur leur population. L’atelier de l’IFDD a pointé en particulier la barrière linguistique dont pâtissent nombre de pays francophones, tant pour la rédaction de leurs dossiers que pour l’accès à l’information scientifique.
Visibilité nouvelle pour la francophonie
En réaction à cet obstacle, la visibilité inédite de la francophonie constitue l’un des principaux motifs de fierté de l’organisateur de l’atelier du 22 novembre : à l’entrée du hall d’accès à la conférence de Glasgow, « le pavillon de la francophonie a accueilli 7000 visiteurs au fil de 60 événements, durant la conférence mondiale », se réjouit Cécile Martin Phipps, directrice de l’IFDD. L’e-pavillon climatique de l’organisation a réussi son entrée sur la scène internationale, grâce à la plateforme JeClimatE, dédiée aux jeunes entrepreneurs.
Cap désormais sur la Cop africaine attendue du 7 au 18 novembre 2022 à Sharm El Sheikh (Egypte) : après la finalisation du 6ème rapport d’évaluation du groupe intergouvernemental d’études sur le climat (Giec) attendue au premier semestre de l'an prochain, l’ambassadeur Tosi Mpanu Mpanu espère ouvrir un nouveau chapitre non seulement pour l’Afrique, mais aussi pour la convergence entre l’action climatique, la protection de la biodiversité et la lutte contre la désertification.