L’art révèle la ville

«L’art ne sert plus seulement à décorer la ville, désormais il la pénètre et travaille la matière urbaine elle-même. » Pour Jean Blaise, le directeur du Voyage à Nantes, l’évolution est nette : l’art est en passe de devenir un outil d’urbanisme à part entière, décisif dans les stratégies de renouvellement ou de requalification urbaine. Moins par son impact physique sur le cadre bâti que par le changement de perception et de pratique du territoire qu’il provoque : l’art transfigure le regard, jalonne les grands territoires de repères et se démocratise, engendrant un sentiment d’appartenance commune. A côté du 1 % culturel consacré depuis 1951 à « l’obligation de décoration dans les constructions publiques » se développent de nouvelles formes éphémères, festives et interactives. « L’art sort des musées pour aller à la rencontre de la population au sein même de l’espace public », explique Marianne Nouveau, adjointe à la culture de la Ville de Dunkerque : le programme Opener associe la population à la création de jardins flottants qui feront le tour des canaux de la ville. Le territoire de la Métropole Nantes Saint-Nazaire se construit autour des œuvres qui le jalonnent. A Lyon, des artistes de renom sont associés aux équipes d’urbanistes et de paysagistes pour aménager la nouvelle promenade sur les berges de la Saône. A Paris, le tracé du tramway s’accompagne aussi de programmes artistiques ambitieux : une vingtaine d’œuvres baliseront le prolongement du tramway T3 sur les boulevards des Maréchaux. Statique ou événementiel, l’art refait la ville.