Un an avant l’arrivée du TGV, comment analysez-vous l’attractivité de Metz ?
Lorsque j’ai été élu maire, voici 35 ans, Metz ne présentait aucune attractivité. La moitié de la population masculine française s’y était trouvée cantonnée en hiver 40 et en gardait le souvenir d’une ville militaire glaciale. Dans les années 60, s’est greffée la réputation de cité sinistrée par des projets urbains qui ravageaient le cœur historique. Il nous a fallu 20 ans pour changer la ville en investissant dans l’urbanisme, la culture et les espaces verts. Nous avons construit la salle de concerts de l’Arsenal, multiplié par cinq la superficie des espaces verts et aménagé les bords et les bras de la Moselle. Au cours des 15 années suivantes, l’image de Metz a commencé à changer. L’arrivée du TGV va nous donner l’occasion de frapper un grand coup : le centre Pompidou va transformer l’image de la ville, à l’instar de celle de Bilbao lors de l’ouverture du musée Guggenheim. Il nous permettra notamment d’attirer nos voisins néerlandais et allemands, férus à la fois de belles villes anciennes et d’art moderne.
Comment comptez-vous organiser la maîtrise d’ouvrage des grands projets en cours ?
Notre gestion financière très saine nous permet d’utiliser tous les modes de programmation existants. Pour le Palais des sports des Arènes, j’ai fait appel à la conception-réalisation – ce qui m’a valu des critiques, mais a permis le respect des coûts et des délais. Eiffage et Apsys prendront en charge l’aménagement du quartier de l’Amphithéâtre, la ville n’intervenant que pour les équipements publics. La communauté d’agglomération Metz-Métropole financera la majeure partie du centre Pompidou grâce au recours à l’emprunt. Enfin, le futur Palais des congrès sera construit en délégation de service public.
Sur le plan architectural, Metz continue à attirer les plus grands noms. Riccardo Boffil a réalisé l’Arsenal, le centre Pompidou a suscité 157 candidatures mondiales et l’aménagement de la place de la République nous conduira à choisir entre cinq architectes de renom. Nous nous inscrivons ainsi dans la continuité du maréchal de Belle-Isles et de Jacques François Blondel au XVIIIe siècle, ainsi que des architectes allemands qui réalisèrent le quartier impérial après 1871. Décrié à l’époque pour des raisons patriotiques, le quartier entre aujourd’hui sur la voie du classement Unesco.
Les questions de stationnement et de circulation alimentent la polémique. Pourquoi avoir renoncé au projet de tramway présenté en 1998 ?
Aujourd’hui, les tramways ressemblent à des TGV. Ils sont longs, effilés… et pas du tout adaptés à une ville comme Metz, avec ses pentes, ses rues étroites et ses ponts à angle droit. C’est pourquoi notre plan de déplacements urbains privilégie les autobus non polluants en site propre. Nous réfléchissons également à une sorte de périphérique ferroviaire qui utiliserait la voie ferrée entourant la ville, mais ce projet ne peut aboutir avant une quinzaine d’années.
Enfin, je reste convaincu que Metz n’est pas une ville pour le vélo. A preuve, les parkings à vélos restent vides ! Cela me vaut des critiques, mais il faut bien que les opposants puissent s’opposer…
Pourquoi avoir créé le réseau de villes frontalières QuattroPôle, qui regroupe Metz, Sarrebruck, Trèves et Luxembourg ?
Né sur la frontière franco-allemande, bilingue, fils d’une famille de minotiers qui vendait sa farine aussi bien en Allemagne qu’en France, j’ai toujours considéré le fait frontalier comme une évidence – alors même que la France de l’intérieur pensait qu’au-delà des frontières hexagonales, il n’y avait plus rien ! Passionné par les nouvelles technologies, j’ai choisi ce thème voici quatre ans pour initier la coopération avec les maires des villes voisines. Cette structure forte et informelle, qui se réunit tous les deux mois, compte déjà à son actif une dizaine de réalisations dans les domaines du tourisme, du développement durable ou du travail transfrontalier. Notre mode de fonctionnement prend le contre-pied des pratiques françaises : nous ne sollicitons pas d’aides, nous ne lançons pas d’études, nous agissons !
