L’ancien jardin zoologique de Lyon, intégré au parc de la Tête-d’Or, connaît une réorientation forte à travers une requalification originale. Sur un terrain de forme triangulaire de 2,5 hectares sans enclos, vie animale et vie végétale sont organisées en cohérence, par la reconstitution de trois milieux : une savane, une zone humide et une forêt sur son île, évocation malgache. « Une des grandes nouveautés de ce jardin réside dans la présentation d’un panorama d’espèces mélangées qui agissent les unes par rapport aux autres », explique Eric Plouzeau, directeur du jardin zoologique. Et dans l’accueil d’espèces menacées, objets de programmes d’élevage européens, et supports de la sensibilisation des visiteurs à l’environnement. La vocation pédagogique du site participe donc à la protection animale.
La qualité de la réalisation tient dans le strict respect de la conception initiale, due à la paysagiste Jacqueline Osty, où le réalisme se croise au pragmatisme. L’ensemble est scénographié, les perspectives et la profondeur de champ sont travaillées, – dans un espace contraint hors de l’échelle réelle d’une savane – avec ses plans transversaux, ses coulisses et ses points de vues. La composition végétale participe à donner cette profondeur avec un premier plan d’herbacés à croissance rapide, un second plan d’arbres en devenir et un fond de scène avec les arbres du parc existant. Avec les plans d’eau et la cascade enrochée, elle forge là aussi l’illusion.
« La palette végétale est constituée de végétaux européens dont les caractéristiques formelles sont proches des végétaux de la savane, avec de grandes lanières de graminées, des arbres à port tabulaire sélectionnés pour leur silhouette tortueuse, en pépinières, en tiges ou en cépées. Enfin, dans les bassins, c’est une collection de végétaux aquatiques qui évoque les milieux tropicaux », explique Jérôme Saint-Chély de l’agence Jacqueline Osty. Le travail sur la composition paysagère globale, grâce à de minutieux ajustements sur place avec les entreprises, a permis de passer de l’image fixe rendue lors du concours à la réalité où la magie de l’illusion repousse le pastiche.
L’implantation des rochers illustre le soin apporté au détail. « Ces rochers découverts au hasard d’un passage devant un champ en cours de nettoyage, en Lozère, ont été repérés, numérotés et photographiés », explique Jacqueline Osty. Et transportés jusqu’à Lyon pour une interprétation plus vraie que nature.
Equilibre entre transparence et intimité. L’implantation des bâtiments d’hébergement des animaux, dans les trois angles du parc, « épingle » la forte composition de l’ensemble. Ces installations conçues par l’agence d’architecture Ellipse sont pensées dans un équilibre entre transparence et intimité où le rapport du visiteur à l’animal est privilégié.
Le bâtiment des girafes et des watusis – croisement entre le zébu et le bœuf du Nil – abandonne la notion de façade au bénéfice d’une enveloppe unitaire en lames verticales en bois à orientation et positionnement variables.
Du côté des zèbres et des antilopes, une grande enveloppe en bois, elle aussi, unifie et cadre l’ensemble d’un bâti recouvert d’une toiture végétalisée.
Au final, cette plaine, cette zone humide et cette île malgache habitées par une faune spécifique n’évoquent rien d’artificiel mais offrent une réalité qui semble être là de toute éternité. Et la double appropriation de la plaine – par les animaux et le public toujours plus nombreux – prouve le bien-fondé de cette conception et de sa réalisation.
