Intempéries La vague de froid paralyse les chantiers

Froid polaire au nord, chutes de neige exceptionnelles au sud : les conditions météorologiques de ces derniers jours ont perturbé les chantiers dans le bâtiment comme dans les travaux publics. Comment les entreprises font-elles face à la situation ?

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«Les standards téléphoniques des caisses intempéries en région sont très sollicités, constate Patrice Tarbé, secrétaire général de l’Union des caisses de France du réseau Congés intempéries BTP. Les entreprises se renseignent à propos des modalités pratiques de déclaration d’arrêt de travail et de demande de remboursement intempéries. » Et pour cause, depuis le 23 novembre, la France est soumise à un froid précoce. Ce dernier a atteint son intensité maximale la semaine passée avec – 20 °C dans les Ardennes et – 10 °C dans le centre de Paris, tandis qu’une perturbation neigeuse semait la pagaille dans le Sud-Est. Même dans les régions habituées aux intempéries hivernales, l’intensité de la vague de froid a surpris. « Notre activité est très ralentie, indique Jean-Daniel Seltz, P-DG éponyme de la société de gros œuvre (30 salariés) basée à Andlau (Bas-Rhin). Les rares chantiers où l’activité continue concernent la réhabilitation, comme celle des casernes de Colmar. »

Dans le Nord, le peintre Vito Ferrantelli a utilisé pour la première fois en quinze ans d’activité le dispositif intempérie : « Nous avons été surpris par l’ampleur, et surtout la longueur, de la vague de froid, explique-t-il. Une équipe de douze compagnons ne pouvait plus travailler et il m’était impossible de les répartir sur d’autres chantiers. Pourtant, nous avons beaucoup de chantiers d’inté­rieurs. Mais nous ne pouvons chauffer que si le client prend en charge le surcoût. »

Un froid sec plutôt qu’un mauvais crachin

Dans les Alpes-Maritimes, la météo fait des caprices depuis deux mois. Sur quarante-deux jours ouvrables entre novembre et décembre, il y a eu quinze jours d’intempéries pour les entreprises, soit quasiment la moyenne annuelle habituelle (20 jours). « En travaux neufs, les entreprises ont enregistré une baisse de 10 à 15 % de leur chiffre d’affaires au cours des dernières semaines à cause des intempéries. Une perte qu’elles se sont efforcées de commencer à rattraper en faisant travailler les équipes pendant les fêtes », explique Michel Valard, président du syndicat du gros œuvre à la fédération du BTP 06 et directeur bâtiment de Cari sur la Côte d’Azur. En charge avec Dumez, Eiffage et Miraglia, du plus gros chantier de terrassement du département – l’hôpital Pasteur-II à Nice, 220 000 m3 de matériaux à extraire –, Michel Valard explique que celui-ci « a connu vingt-huit jours d’arrêt, en raison d’une double impossibilité : le chargement par les engins de déblais gorgés d’humidité et la fermeture du centre de sto­ckage de Carros, en périphérie de Nice ». Néanmoins, dans certaines conditions, les terrassiers savent tirer leur épingle du jeu. « L’analyse coût/délais/qualité montre que terrasser par temps froid n’est pas forcément un mauvais calcul, assure Antoine Metzger, directeur général délégué du groupe NGE. Dès lors que nous pouvons faire uniquement des déblais et du dépôt, un froid sec vaut mieux qu’un mauvais crachin. C’est d’ailleurs ainsi que nous nous organisons actuellement sur la LGV Rhin-Rhône. »

Les entreprises jouent la sécurité des salariés. « En couverture, même si le travail est possible à – 2 °C ou – 3 °C, cela devient trop dangereux lors de verglas ou de neige verglacée », ­témoigne Michel Joyeux, président du conseil d’administration de la Financière Joyeux (Aubervilliers, Seine-Saint-Denis).

Conserver les relevés météorologiques

« Le gel rend souvent les planchers béton glissants et accroît le risque d’accidents, ce que nous cherchons à éviter en premier lieu, complète Dominique Petit, directeur régional délégué d’Eiffage Construction Nord-Pas-de-Calais. Surtout, la tâche de nos collaborateurs en gros œuvre est souvent physique, les organismes sont sollicités et il y a évidemment des limites à ne pas dépasser pour que les conditions de travail restent décentes. »

Les intempéries pouvant « amortir » une baisse d’activité pour certaines entreprises, le froid reste néanmoins un invité bien encombrant dans les plannings de chantiers. « Nous savons rattraper deux ou trois jours d’arrêt, estime Michel Joyeux. Huit à dix jours, c’est plus compliqué. » Un impératif : faire constater au maître d’œuvre les journées d’intempéries, conserver les relevés météorologiques et les verser aux comptes rendus de chantier.

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