Décryptage

Incendie de Notre-Dame de Paris: ce que l'on sait

Un feu qui part des combles, une flèche qui s'effondre et un monument historique qui menace de vaciller: voilà ce que l'on sait du violent incendie qui a ravagé l'emblématique cathédrale Notre-Dame de Paris avant d'être maîtrisé vers 10 heures ce mardi.

La cathédrale Notre-Dame vue des bords de Seine, ce mardi matin.
La cathédrale Notre-Dame vue des bords de Seine, ce mardi matin.

Le feu est parti des combles

L'incendie qui a défiguré Notre-Dame de Paris, actuellement en rénovation,s'est déclaré vers 18h50 lundi 15 avril 2019. "J'étais pas loin, j'ai vu les fumées. Au départ je pensais que c'était l'Hôtel-Dieu et puis en fait j'ai compris que c'était la cathédrale. Je suis arrivé, les cendres ont commencé à tomber", raconte Olivier De Chalus, le responsable des guides bénévoles de la cathédrale.

Le feu est parti des combles, puis s'est propagé extrêmement vite à une grande partie du toit. Les flammes ont dévoré la charpente, longue de plus de 100 mètres et baptisée... "la forêt": "En raison du grand nombre de poutres qu’il a fallu utiliser pour la mettre en place, chaque poutre provenant d’un arbre".

Une enquête a été ouverte pour "destruction involontaire par incendie", a annoncé le parquet de Paris

La piste d'un départ de feu accidentel depuis le chantier en cours sur le toit de la cathédrale "retient l'attention des enquêteurs en l'état des investigations", a précisé une source proche du dossier. Les ouvriers du chantier étaient entendus lundi soir par les enquêteurs, selon le parquet.

Les procédures de sécurité sur le chantier de Notre-Dame de Paris "ont été respectées", a déclaré mardi 16 avril dans l'après-midi le patron de la principale entreprise chargée des travaux.

"Tout ce que je peux vous dire pour le moment, c'est qu'au moment du départ de l'incendie, absolument aucun des salariés de ma société n'était présent sur site", a déclaré Julien Le Bras, PDG de Le Bras Frères, qui possède également Europe Echafaudage. Deux entreprises assurées par Axa.

L'incendie est "maîtrisé"

Les pompiers ont annoncé tôt mardi 16 avril que l'incendie était "complètement maîtrisé" et "partiellement éteint". Seuls des "foyers résiduels" demeuraient actifs. Vers 22h50 lundi soir, les "deux tours de Notre-Dame (étaient) sauvées" et sa structure "sauvée et préservée dans sa globalité", selon le général Jean-Claude Gallet, commandant de la Brigade des sapeurs-pompiers de Paris.

Dès le départ du feu, un important dispositif de secours a été mis en place. 400 pompiers avec 18 lances à incendie, certains juchés sur des bras mécaniques à des dizaines de mètres de hauteur, ont lutté pour tenter de circonscrire au plus vite le feu.

Utiliser des canadairs sur le bâtiment était inenvisageable: "Le largage d'eau par avion sur ce type d'édifice pourrait en effet entraîner l'effondrement de l'intégralité de la structure", a tweeté la Sécurité civile.

Quels dégâts ?

Vers 19h50 lundi soir, la flèche de la Cathédrale, l'un des symboles de Paris avec ses 93m de hauteur, s'effondre. En quelques heures, une bonne partie du toit de l'édifice semble avoir été réduite en cendres, et l'on ignore encore l'étendue des dégâts à l'intérieur de la cathédrale.

"Le feu intéresse les deux tiers de la toiture, qui s'est effondrée, ainsi que la flèche. Actuellement la manœuvre vise à préserver l'arrière de la cathédrale, où sont situées les œuvres les plus précieuses", a précisé Jean-Claude Gallet.

La couronne d'épines et la tunique de Saint Louis ont pu être sauvées des flammes, a indiqué Mgr Patrick Chauvet, le recteur de la cathédrale.

Selon Frédéric Létoffé, le co-président du Groupement des monuments historiques (GMH), interrogé mardi après-midi, « nous ne sommes pas à l’abri de mouvements de l’édifice ». Il souligne que l’énorme quantité d’eau, utilisée par les pompiers de Paris pour éteindre l’incendie, génère des risques d’infiltration et de désordres dans la structure du monument, une fois qu'il sera sec. Les travaux d'inspection et de sécurisation sont en cours.

"Des années de travaux"

Restaurer le bâtiment prendra "des années de travaux", a estimé le nouveau président de la Conférence des évêques de France (CEF), Eric de Moulins-Beaufort. "Nous la rebâtirons", a affirmé peu avant minuit Emmanuel Macron, ajoutant que "le pire a été évité, même si la bataille n'est pas encore totalement gagnée".

"Pour répondre à de multiples demandes", la Fondation du patrimoine a lancé une "collecte nationale" pour la reconstruction de Notre-Dame.

Dans la nuit, la famille Pinault a annoncé débloquer 100 millions d'euros pour Notre-Dame. LVMH, numéro un mondial du luxe, et la famille Arnault à sa tête, première fortune de France, ont annoncé pour leur part un "don" de 200 millions d'euros, la plus grosse somme pour l'heure déboursée pour la reconstruction de Notre-Dame.

Les entreprises de l'univers de la construction ont aussi réagi : Vinci a proposé un "mécénat de compétences" et indiqué qu'il souscrirait pour la reconstruction du monument, comme le Groupe Duval. Martin et Olivier Bouygues, le groupe Saint-Gobain... ont également annoncé leur volonté de participer à la renaissance de la cathédrale.

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