Interview

Il y a un an....Gérer les chantiers d’urgence

Au plus fort de la crise sanitaire, dans une France à l’arrêt, certains travaux devaient reprendre sur les réseaux ferrés et routiers. Tous deux acteurs de ces opérations alors identifiées comme essentielles par l'Etat, Théo Arnaud et Adrien Conte se remémorent leur printemps 2020.

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Sur le chantier de confortement du talus de Sèvres-Ville d'Avray en mars 2020.

• Théo Arnaud, conducteur de travaux chez NGE Fondations, sur le confortement du talus de Sèvres-Ville d’Avray (92)

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« En février 2020, un glissement de terrain de 4000 m3 avait coupé les lignes en gare de Sèvres-Ville d’Avray. Cela faisait un peu plus d’un mois que nous avions commencé les travaux de confortement nécessaires à la reprise des circulations lorsque les annonces présidentielles ont été faites.

Dès le lendemain 17 mars, nous avons décidé d’arrêter les opérations. Mais quand le chantier a été identifié comme essentiel par le gouvernement, nous avons dû rappeler tous les collègues en vue de reprendre le 23 mars. Dans un premier, il s’agissait de nous assurer que les postes clés seraient bien pourvus : ici ceux des conducteurs de nos deux pelles araignées.

Evidemment, tout s’est déroulé sur la base du volontariat. Et même si l’idée de revenir en Ile-de-France n’enchantait pas tout le monde, chacun prenait aussi la mesure de la situation et pouvait constater les protocoles solides mis en place. Un hôtel entier nous avait été réservé. Les petits déjeuner et diner nous y étaient directement servis dans nos chambres individuelles. Pendant la journée de travail, c’est moi qui prenais en charge le déjeuner dans le respect des protocoles. Sur ce point, je dois dire que le temps exceptionnel du printemps m’a beaucoup aidé.

D’une certaine manière, nous avons expérimenté le confinement sur chantier puisque personne ne rentrait chez lui le week-end. Au total, nous sommes restés ensemble sept semaines. Les premières ont été les plus simples : la bonne entente et la conscience d’être regardé pour ce que nous parvenions à mettre en place créait une belle émulation. C’était plus compliqué au bout de six semaines. Les lasagnes réchauffées, les dimanches seuls dans sa chambre et l’éloignement des familles ont fini par peser sur le moral.

Mais malgré ces contraintes, ce chantier reste pour l’heure ma plus belle expérience professionnelle, de par le contexte et la nature du projet, mais aussi parce que j’étais en permanence sur le terrain avec les équipes, ce qu’un conducteur de travaux n’a pas l’occasion de faire en temps normal. »

•  Adrien Conte, responsable d’exploitation chez NGE Fondations, sur le chantier de sécurisation de la RN116 près de Sauto (76)

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« Lorsque le confinement est arrivé, nous venions de débuter la production sur le chantier de remise en état de la RN 116, endommagée par un important glissement de terrain. En plus de contraindre les riverains à un détour de 40 kilomètres en montagne pour atteindre la vallée de l’Aude, cette interruption déconnectait Perpignan des pistes de ski et d’Andorre. C’est donc peu dire que tout le monde attendait avec impatience que les circulations reprennent. Néanmoins, le 17 mars, notre groupe a dû se résoudre à arrêter tous ses chantiers par mesure de précaution. Celui de la RN 116 n’y a pas coupé, mais a ensuite été classé comme prioritaire par l'Etat, au regard de son importance pour le territoire.

Sans surprise, trouver des volontaires pour se remettre au travail le 30 mars n’a pas été le plus difficile. 99 % des chantiers étaient arrêtés et beaucoup de collègues commençaient déjà à trouver le temps long après 10 jours d’arrêt. Par contre, assurer la sécurité a nécessité plus que de simples ajustements. Nous avons dû revisiter toute notre organisation en doublant les bungalows, en repensant les circulations… la préfecture est également intervenue pour mettre à disposition un hôtel et trouver un traiteur.

D’une rotation hebdomadaire des équipes, nous sommes passés à des cycles de trois semaines pour accélérer la cadence, mais surtout pour limiter le risque d’exporter ou d’importer le virus. Côté équipements aussi nous nous sommes démenés pour débusquer les derniers cartons de masques qui n’avaient pas été réquisitionnés et disposer à la reprise de deux semaines d’autonomie.     

Dans ce contexte compliqué, personne n’a été contaminé sur le chantier durant cette période et nous avons réussi à rouvrir la circulation en alternance avant la fin du confinement. A titre personnel, c’est une vraie satisfaction que d’avoir pu me rendre utile. »

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