« Dès le début du mois de mars, nous commencions déjà à mesurer l’impact de la pandémie sur les hôpitaux italiens. D’où notre décision de commencer à travailler, par anticipation, sur la ventilation des chambres à sas. Puis, dès le dimanche 15 mars, avant même la prise de parole présidentielle, il nous a été demandé d’inverser les flux d’air dans les chambres recevant des patients atteints du Covid.
L’objectif était clair : empêcher le virus de s’échapper de ces espaces et ainsi protéger le personnel soignant. Une mission qui supposait de revoir de nombreuses consignes au niveau des automates, d’apporter des modifications physiques sur les centrales, d’intervenir sur les gaines de soufflage…
Au-delà de ces enjeux techniques, il a également fallu nous réorganiser pour assurer une continuité de service. Nous avons donc décidé de répartir nos dix techniciens en deux équipes de telle sorte que, même si un cas Covid venait à se déclarer et générait des cas contacts au sein d’une équipe l’autre pourrait prendre le relai.
«Tenue de cosmonaute de rigueur»
Il était essentiel que nous disposions de tous les équipements de protection individuelle. Lorsqu’il nous arrivait d’intervenir au plus près des patients dans les chambres, c’était « la tenue de cosmonaute de rigueur » avec combinaison intégrale, charlotte, lunettes, gants, sur-gants, sur-chaussures.
Certains collègues, dont les proches avaient des comorbidités se sont logiquement retirés, mais ceux restés sur site étaient volontaires et motivés pour aider au mieux les soignants. Cet engagement n’empêchait pas de nourrir une certaine anxiété dans ce contexte où l’on ne savait pas grand-chose sur le virus.
La blanchisserie de l’hôpital avait beau laver nos affaires de travail à haute température pour ne rien ramener à domicile, je me changeais également dans le garage en arrivant chez moi, avant de filer à la douche pour enfin retrouver ma famille. C’était surement ça le plus difficile : ne pas savoir si je prenais un risque en embrassant mes enfants ou en dormant avec ma femme. Pour autant, le sentiment qui domine aujourd’hui est la fierté de m’être montré utile et à la hauteur dans ces circonstances.»