Quelle est la situation économique du bassin palois ?
Nous avons la chance d’avoir une économie diversifiée sur l’aéronautique, le gaz et les géosciences avec le centre de recherche Total et une industrie agroalimentaire pionnière sur le maïs. Ces trois piliers ne se sont jamais trouvés en crise en même temps, sauf l’année dernière. Au début des années 2000, André Labarrère a développé l’un des premiers réseaux en fibre optique, qui continue son développement. Nous disposons d’une université de plein exercice et multisites (Pau et Tarbes, Mont-de-Marsan) qui compte 12 000 étudiants et 500 enseignants chercheurs à Pau. Mais nous gardons deux handicaps : l’enclavement et l’absence de visibilité au plan national et international.
L’arrivée de l’A65 et en 2016 de la LGV changent-elles la donne ?
L’ouverture en décembre de l’A 65 a eu un impact visible sur la fréquentation des stations de ski. Pour en évaluer l’impact économique, il faudra attendre un peu. Le combat pour une desserte directe par la LGV est un enjeu très important pour nous. Paris-Pau se fait actuellement en 5 h 30. Avec la LGV Tours-Bordeaux, nous allons gagner une heure. Mais si nous n’obtenons pas une desserte directe du Béarn, à partir de Mont-de-Marsan, nous allons prendre du retard par rapport aux voisins de la côte basque. Cela conforte également notre demande de réouverture d’une ligne Pau-Saragosse par Canfranc : le gouvernement vient de l’inscrire dans le réseau ferroviaire européen. Nous avons besoin de cette liaison. Alain Rousset est un des plus fervents militants de cette réouverture. J’ai initié un réseau de villes pour cette réouverture, avec le président de la région d’Aragon, et le ministre aragonais des infrastructures.
Vos priorités pour l’agglomération ?
D’abord, un enjeu urbain : la croissance démographique de l’agglomération paloise est équivalente à celle des première et deuxième couronnes de l’agglomération. Il faut être vigilant à développer une politique foncière et d’urbanisme qui permette à des familles de vivre au cœur de l’agglomération. Notre projet Porte des Gaves est emblématique, pour les quinze ans à venir, de cette offre nouvelle en termes de logements accessibles, d’activité tertiaire. Deuxième priorité, les déplacements : nous sommes à ma connaissance la première collectivité à avoir lancé une DSP associant les transports en commun, le vélo en libre-service, l’autopartage et la voiture en libre-service. Troisième priorité, donner à notre territoire une visibilité économique. Nous accueillons deux nouveaux opérateurs d’exploitation de la fibre optique. Nous comptons également développer le potentiel touristique et patrimonial palois.
Y a-t-il des coopérations territoriales possibles avec Tarbes, la côte basque et l’Espagne ?
Je crois beaucoup à la création de pôles métropolitains : notre agglomération de 150 000 habitants peut se tourner vers ses voisins atlantiques, Midi-Pyrénéens et vers Saragosse pour proposer un pôle métropolitain. Pour les élus des vallées pyrénéennes espagnoles, l’avenir se joue au nord. Avec les Tarbais, nous avons déjà une coopération culturelle sur l’école d’art. Avec les villes basques, ce sera un débat des prochains mois.
Quelle place faites-vous à l’architecture et au travail des urbanistes ?
Je ne confonds pas les deux actions. Le projet de la Porte des Gaves, qui est un marché de définition, demande l’intervention d’un urbaniste. Je suis très attachée à favoriser des projets architecturaux même décoiffants : comme celui de Jakob et Mac Farlane sur l’école des arts. On n’hésite pas pour le logement social à faire appel à Rudy Ricciotti. Les architectes qui ont une patte, donnent aussi à une ville son identité.
Pour l’avenir ?
L’enjeu, c’est le centre de l’agglomération, où un quart des logements sont vacants ou insalubres. Au moment où l’Anah se désengage, nous lançons une opération de rénovation urbaine avec une intervention financière très forte. C’est par toutes ces actions que la ville entrera vraiment dans le XXIsiècle.
