Absence de toilettes, déjeuners dans les camions… "On accepte dans le BTP des choses que l’on n’accepterait pas ailleurs", regrettait Paul Duphil, secrétaire général de l’OPPBTP, le 3 octobre dernier lors d'une conférence de presse.
L’Organisme professionnel de prévention du bâtiment et des travaux publics lance ce lundi 9 octobre une campagne sur l’hygiène sur les chantiers. Le sujet concerne l’accès à l’eau et aux toilettes, la possibilité de prendre des pauses à l’abri du froid ou de la chaleur et l’accès à des tenues propres. L’opération comprend de la communication, de la sensibilisation via des webinaires notamment, et des actions de terrain avec des diagnostics dans les entreprises. "Il s’agit de donner envie, de faire prendre conscience des bénéfices de l’hygiène", indique Paul Duphil.
Dignité, attractivité et performance
"C’est une question de dignité et de santé bien sûr, mais aussi d’attractivité et de performance", résume Malika Benamar, de la direction technique de l’OPPBTP. Pour l’organisme, les carences actuelles peuvent donner une mauvaise image du secteur, qui cherche pourtant à recruter. Ainsi, "comment peut-on imaginer des salariés qui n’ont pas de quoi aller aux toilettes, boire et manger dans de bonnes conditions, être performants au travail ?", tance-t-elle. Elle pointe que le manque d’hygiène, plus propice à la propagation des virus, peut indirectement causer de l’absentéisme. Aussi, faute de base vie sur leur chantier, les compagnons peuvent perdre du temps dans des déplacements pourtant évitables.
Des conseils techniques sont disponibles sur le site dédié de la campagne. L’OPPBTP a élaboré un guide avec les professionnels de ces équipements. L’idée est de rendre davantage visibles les offres recensées. Cabine autonome, base vie modulaire ou encore mobile… "A chaque chantier, on trouve sa solution", promet Pierre Bruneau, de l’Acim (Association des constructions industrialisées et modulaires), lors de la même conférence de presse.
Les trois principales questions à se poser pour faire son choix sont la durée du chantier (plus ou moins quatre mois, pour coller à la réglementation), son accessibilité et son raccordement à l’eau. D’après l’OPPBTP, le coût de ces installations et de leur entretien correspondrait à 1 à 2 % du coût total du chantier. "Mais de toute façon, cela ne se discute pas", martèle Paul Duphil.
25% des chantiers ne disposent pas de base vie raccordée et entretenue
Ce marché a grimpé de 30 % depuis la crise sanitaire, d’après Hervé Montagne, de la DLR (Fédération de la distribution, de la location, de la maintenance et des services pour les matériels destinés à la construction et à la manutention). Le souci de l’hygiène a davantage été pris au sérieux en 2020. "C’est très variable d’un chantier à l’autre. Certains maîtres d’ouvrage et entreprises ont gardé les acquis, d’autres non. Il y a encore des marges de progrès", constate cependant Paul Duphil.
D’après une étude menée par l’Assurance maladie en 2022, 25 % des chantiers ne disposent pas de base vie mutualisée, raccordée ou entretenue quotidiennement. Sur les chantiers de maison individuelle, 70 % des chantiers ne proposent pas de cabines de toilettes, et 25 % ne disposent pas d’eau courante.
