Cest une première en France. Certifiés « Habitat et Environnement » par Qualitel, les 23 pavillons de la résidence les Rosiers, à Notre-Dame-de-Gravenchon (Seine-Maritime), ont été construits en prenant en compte les 14 cibles HQE (voir liste complète dans « Le Moniteur » n° 5301, p. 63). « Nous sommes face aux 2 000 hectares des industries lourdes de Port-Jérôme. Mais nous avons depuis longtemps le sens du développement durable. C’est pourquoi nous essayons de l’intégrer dans tous nos projets », explique Jean-Claude Weiss, maire de Notre-Dame-de-Gravenchon (8 800 habitants), agglomération située dans la dernière boucle de la Seine avant l’estuaire. La commune accueille notamment une raffinerie Exxon-Mobil. Face à la forte demande en logements sociaux, le maire a décidé de mettre à disposition de Seine Manche Immobilière (SMI), maître d’ouvrage, un ancien terrain de jeux municipal de deux hectares, légèrement en pente (3,5 %), à l’est de la ville. Habitués à travailler ensemble, les deux partenaires répondent à un appel à projets de la direction régionale de l’environnement (DRE) de Haute-Normandie, destiné à promouvoir la haute qualité environnementale dans une opération de logements individuels. Après consultations, l’architecte rouennais Gilles Thorel et le bureau d’études parisien BTP Consultants ont été retenus. « Nous avons constitué très en amont un groupe de travail destiné à valider toutes les phases du projet. Avant la conception et les choix d’aménagement, avant les premiers coups de crayon, je savais que nous travaillerions en démarche HQE », souligne l’architecte. « La direction régionale de l’environnement nous a demandé de travailler les 14 cibles mais d’en approfondir 6. Pour nous, cette opération sert de laboratoire pour l’avenir », ajoute Jean-Claude Bleuzen, chargé des constructions chez SMI.
Maîtriser les risques de pollutions olfactives. Premier impératif : une relation harmonieuse du bâti avec l’environnement immédiat. La pente du terrain vers le sud-ouest a deux conséquences : un bon ensoleillement mais aussi une exposition aux vents dominants souvent chargés en pollutions olfactives. D’où le choix d’un habitat horizontal, de plain-pied et la création de brise-vent végétaux (hêtres, érables, charmes, frênes). « Cela peut paraître une évidence, mais nous avons veillé à ce que toutes les façades orientées au nord soient fermées le plus possible, alors que les blocs séjour-cuisine, qui sont très ouverts et complètement vitrés, sont tous exposés au sud, sud-est ou sud-ouest », expose Gilles Thorel. Par ailleurs, tous les arbres existants ont été conservés, dont un vieux saule pleureur au sud de la parcelle.
Deuxième cible : le choix intégré des procédés et produits de construction. « Nous avons procédé à une analyse multicritère prenant en compte la durabilité des bâtiments, mais aussi le cycle de vie des produits jusqu’aux pollutions générées lors de leur destruction », indique Jean-Claude Bleuzen. Résultat : des couvertures en tuile de terre cuite, des ossatures bois avec peaux extérieures en frise de sapin traité à cœur, un peu de brique naturelle et des menuiseries extérieures en bois peint ont été choisies pour cette opération.
Autre aspect auquel les bailleurs sociaux sont déjà sensibilisés : les économies d’énergie. Grâce aux isolations renforcées et aux caractéristiques des ossatures bois, des performances supérieures de 22 % aux exigences de la réglementation thermique (RT 2000) ont été atteintes dans certains pavillons (Créf de -22 %). Des chaudières à condensation à haut rendement et un chauffage par le sol basse température bannissant tout radiateur ont été également retenus.
Un coût d’investissementsupérieur de 8 %. Plus classique, le chantier devait se dérouler avec un minimum de nuisances et une gestion différenciée des déchets était exigée, avec collecte sélective et revalorisation. Ce même principe s’est retrouvé dans la conception des pavillons : la circulation des personnes est éloignée du stockage des poubelles, par exemple.
Au chapitre de la gestion de l’eau pluviale, le recours à l’hydraulique douce a prévalu avec le creusement près du saule d’une mare dimensionnée selon le débit de l’évacuation et par la création de noues engazonnées de chaque côté de l’avenue centrale. « Au total, nous sommes entre 7 et 8 % plus chers en coût d’investissement que pour les constructions classiques, mais en offrant presque 20 % de surfaces en plus que les minima HLM et 5 % de plus que notre production habituelle », se félicite le maître d’ouvrage Jean-Claude Bleuzen.


