Le congrès de l'Union sociale pour l'habitat, nouvelle dénomination du mouvement HLM, s'ouvre mardi à Lille pour trois jours dans une ambiance tendue et inquiète, le mouvement se considérant comme le laissé-pour-compte de la politique du gouvernement.
Depuis l'arrivée du nouveau gouvernement, "nous sommes déçus", a récemment déploré Michel Delebarre, président de l'Union, dont les organismes logent près de 13 millions de personnes dans 3,9 millions de logements.
Objets de son mécontentement, la baisse des crédits budgétaires, l'absence de véritable politique de décentralisation..., "bref plein de promesses non tenues", a-t-il dit au cours d'une conférence de presse.
"On est même en droit de s'interroger sur la volonté du gouvernement de soutenir véritablement le logement social", a-t-il ajouté.
Face à ces critiques, le gouvernement souligne que nombre de crédits budgétés n'ont pas été utilisés par les organismes HLM qui tardent à construire malgré les moyens financiers mis à leur disposition. Le gouvernement intervient directement dans la construction du logement social via des subventions et des prêts à très bas taux d'intérêt.
La situation actuelle risque de se traduire par une "crise dans le logement social d'autant que les défis à relever pour les prochaines années sont énormes", a averti l'Union.
La situation est préoccupante : le nombre de logements HLM construits va atteindre à peine 40.000 en 2003 alors que les besoins de renouvellement du parc sont estimés à plus du double, les listes d'attente s'allongent démesurément (300.000 demandes pour la seule Ile-de-France), les besoins d'amélioration du parc s'accroissent, les exigences de sécurité également.
Dans le domaine de la réhabilitation et des rénovations des quartiers en difficultés, secteur dont est chargé le ministre délégué à la Ville, Jean-Louis Borloo, les HLM semblent également ne plus y croire.
Il manque toujours les crédits pour répondre aux ambitions de M. Borloo, se plaignent les HLM.
Dans une loi d'orientation qui doit être votée cet été, il est prévu de détruire 40.000 logements chaque année sur 5 ans, de mener 40.000 réhabilitations lourdes en sus des 100.000 prévues chaque année et de construire annuellement 80.000 HLM.
Pour les dirigeants du mouvement social, ces objectifs sont certes positifs mais ils estiment que les moyens ne sont pas là. Ils sont par ailleurs particulièrement agacés par les objectifs de démolition alors que les besoins de construction sont loin d'être satisfaits.
Les critiques envers le gouvernement devraient être au centre des discussions du congrès placé sous le thème "Un logement pour chacun, la qualité pour tous".