Au sud de Grenoble, le parc Ouagadougou, référence au jumelage de la Ville avec la capitale du Burkina Faso, joue un rôle de trait d'union entre différents quartiers et remplit des objectifs environnementaux. Mesurant un peu plus d'un hectare, livré fin 2008, il a été créé à l'extrémité de la ZAC Teisseire. « C'est un espace public aménagé au cœur d'une des trois grandes opérations de rénovation urbaine de Grenoble, à l'articulation des quartiers Teisseire et Jouhaux. Le souhait de la Ville était d'établir un lien physique entre les constructions neuves de la ZAC et les immeubles réhabilités », explique Philippe de Longevialle, adjoint au maire de Grenoble, en charge de l'urbanisme. Premier enjeu : décloisonner ces quartiers d'habitat social par l'aménagement d'un jardin commun « [qui] s'inscrit dans une démarche plus large de maillage des espaces verts alentours par des liaisons douces », ajoute Philippe de Longevialle. La réponse des concepteurs : offrir un lieu le plus ouvert possible, à la fois sur le tissu immédiat et sur le grand paysage. Ainsi, les limites du parc ont d'abord été traitées de façon douce : mur incliné annonçant l'espace vert depuis l'avenue des Jeux-Olympiques ; esplanade de pins en belvédère au sud ; à l'est, sols striés et sciés à joints ouverts ménageant une transition entre la rue et le végétal. Une relation ouverte à la ville, que vient compléter un travail sur les reliefs à l'intérieur du parc.
La topographie du site étant, comme dans le reste de la ville, quasi-plane, l'agence des paysages Dubois, mandataire de l'équipe de maîtrise d'œuvre, a pris le parti de créer, à partir des matériaux issus de la démolition, une pente douce ouverte sur les nouveaux bâtiments de la ZAC Teisseire. Ce modelé distingue nettement deux espaces. D'une part, vers l'est, où le terrain décolle du parc, dépassant le premier plan de la ville. Cette partie, traitée en prairie fleurie sur son pourtour, ouvre les vues sur les massifs montagneux ceinturant Grenoble. D'autre part, au point bas du site, une série de quatre jardins thématiques en creux construits au contact des nouveaux logements de la ZAC donnent une ambiance plus urbaine et intime. Ces principes d'intervention fixent différents usages (promenade, jeux pour enfants, détente sur la pelouse.) mais assurent également des fonctions hydrauliques. Parmi les exigences de la Ville, le parc Ouagadougou devait en effet gérer en surface ses eaux pluviales mais aussi celles collectées en toitures et dans les espaces publics du quartier en construction. La grande pelouse en pente douce de l'espace vert répond aux contraintes d'écoulement par gravité, au sein d'un parcours de l'eau à ciel ouvert conçu à l'échelle de la ZAC Teisseire. Ainsi, dans cette greffe urbaine étendue sur 2,2 ha (hors parc), une noue de récupération, aménagée dans la sente piétonne liaisonnant les espaces verts du quartier, draine les écoulements jusqu'à un canal planté à la bordure ouest du parc. En cas de fortes précipitations, deux bassins supplémentaires écrêtent les débits. Des plantes y assurent la filtration des eaux pluviales, avant que celles-ci n'irriguent par gravité, via des cunettes, le plateau des jardins thématiques. Une zone humide en bordure de la grande pelouse, bordée d'un quai que l'on traverse sur des pontons, assure alors l'infiltration des eaux collectées. L'eau mise en scène, par la collecte, la filtration, l'irrigation et l'infiltration, devient ainsi un élément d'animation ponctuelle, tout en garantissant une alimentation économe à cet espace vert.




