La dernière réserve foncière industrielle de Grasse (Alpes-Maritimes) a enfin trouvé preneur. A l'abandon depuis le départ de Biolandes en 2006, cette friche accueillera en 2027 le centre de R&D et de production d'ingrédients naturels du suisse Givaudan. Ce géant mondial de la parfumerie a signé en décembre 2023 la promesse de vente auprès de l'EPF Provence-Alpes-Côte d'Azur portant sur l'acquisition des quatre cinquièmes de ce site de 2,6 ha en bordure immédiate de la rivière du Grand-Vallon, longtemps considéré comme inexploitable. La carte des aléas du précédent plan de prévention des risques d'inondation (PPRI), daté de 2004, classait en effet la friche à 50 % inconstructible et à 25 % constructible sous condition.
Dans le cadre de son projet de territoire, qui priorise le renouvellement urbain de friches industrielles au bénéfice de nouvelles activités économiques, la communauté d'agglomération du Pays de Grasse (CAPG) a lancé en 2019 une étude hydraulique et réalisé les aménagements nécessaires pour réduire l'aléa inondation. Ceux-ci prennent la forme d'ouvrages de gestion et de canalisations d'eau à travers, notamment, la création d'un fossé le long de la route départementale.
Une seconde étude s'est ensuite intéressée au schéma de restructuration du site pour un usage industriel, qui occupe finalement une zone constructible s'étendant sur 80 % du terrain, approuvée par le nouveau PPRI en mai 2023. Ce schéma impose au futur projet une dimension patrimoniale avec la réhabilitation et la valorisation des trois bâtiments historiques signés de l'architecte Léon Le Bel - sur les sept existants - dont l'unité de distillation érigée en 1926.
« Faire avec le déjà-là ». « Il s'agit d'un site chargé d'histoire où la production se faisait au plus près des champs », explique l'architecte Didier Becchetti, encore occupé à finaliser la conception du projet, dont le permis de construire sera déposé en mai 2025. A ses yeux, cela suppose de « faire avec le déjà-là du bâti typique de l'architecture industrielle grassoise, ses moucharabiehs et sa charpente métallique ».
Cette thématique mémorielle infuse dans les différents éléments neufs et réhabilités du programme de 6 700 m² SP. Ce dernier s'organisera selon la trame constructive issue de l'implantation originelle, continue d'est en ouest. Il intégrera toutefois un jeu de fractionnement volumétrique qui permettra de créer des porosités transversales et de différencier les fonctions des bâtiments (R&D, tertiaire, contrôle qualité, production, logistique, stockage).
Il s'agira également de retrouver « l'empreinte végétale d'alors » via, entre autres, une démarche de désimperméabilisation qui s'attachera notamment à réduire les flux de circulation afin de minimiser les voies de circulation. Un hectare d'espaces verts sera ainsi recréé, sous la houlette du paysagiste Altitude 35.