« Grâce à l’utilisation de l’exosquelette Japet W dédié aux lombaires, mon collaborateur est soulagé, et ses arrêts de travail ont disparu. » Pour Julien Guilbert, dirigeant de Toitech, expert de l’étanchéité des toitures-terrasses basé à Pérenchies près de Lille, l’intégration de cet exosquelette s’est révélée concluante. L’équipement, qui prend la forme d'une ceinture lombaire robotisée et compacte, adapte l’assistance de ses 4 micromoteurs en fonction des mouvements détectés par ses capteurs.
Pour celui qui place « d’abord l’humain » au coeur de sa stratégie, ce dispositif médical a permis de garder en poste un compagnon en proie à des douleurs lombaires au sein de son équipe d’une vingtaine de personnes.
Deuxième financement participatif en cours
« En matière de santé, la lombalgie représente pourtant la deuxième problématique des salariés », corrobore Pierre Lelard. Tout juste nommé directeur général de Japet, il pilote aux côtés d’Antoine Noël, CEO-fondateur et Amélie Blondeaux, CPO, une campagne de financement participatif sur Tudigo. Objectif pour les trois associés : lever entre 500 000 et 800 000 euros pour accélérer la production.
« Alors que nous venons de passer le cap des 1 000 utilisateurs et que nous devrions atteindre la rentabilité en 2024, nous envisageons pour 2025 l’installation d’une ligne de production industrielle dans les Hauts-de-France », annonce Pierre Lelard. Un préalable pour viser la position de leader européen des exosquelettes en Europe dès l’année prochaine. Cette montée en charge s’accompagnera de recrutements, tant sur le volet production que du côté de la force commerciale.
Si depuis sa création en 2016, Japet, qui ne communique pas son chiffre d’affaires, a déjà levé 4 millions d’euros, c’est la deuxième fois que l’entreprise de robotique médicale installée sur le parc Eurasanté, à Loos, fait appel au financement participatif. En 2023 déjà, elle avait récolté près d’1,2 million d’euros via ce truchement.
Certification « dispositif médical »
Une étape cruciale alors que voilà déjà près d’une décennie que Japet a vu le jour dans le Nord. Car avant de commercialiser Japet W, son exosquelette pour soulager le dos, la jeune pousse a gravi bien des étapes. Forte d’une dizaine de brevets, elle a notamment décroché l’appellation « Dispositif médical » grâce à la certification ISO13485, fruit de plusieurs études cliniques. Riche des premiers retours d’expériences terrain, elle a sorti en 2023 Japet W+, une seconde version du produit qu’elle conçoit, fabrique et intègre, pour un montant de 7 700 euros.
Cette ceinture intelligente de 2 kg dotée d’un système de seconde peau détachable et lavable en machine s’installe en 30 secondes pour 8h d’autonomie. Elle permet jusqu’à 40 % de décompression au niveau des disques lombaires tandis que 85 % des utilisateurs souffrant d’une pathologie lombaire ressentent une diminution significative de la douleur, assure l’entreprise.
Encore peu utilisé dans le secteur du BTP, ce type d’équipement a déjà fait ses preuves dans les milieux de la logistique et de l’industrie. Car l’usage d’un exosquelette représente une réponse pour réduire la pénibilité au travail et limiter les troubles musculo-squelettiques (TMS). Selon la Sécurité sociale, ils représentent 91% des maladies professionnelles dans la construction, quand 10 % des accidents de travail du secteur sont liés au mal de dos.